Déficience intellectuelle rime avec risque accru de violences sexuelles

Les enfants ayant une déficience intellectuelle sont trois fois et demie plus à risque d’être victimes d’agressions sexuelles, démontre une nouvelle étude présentée jeudi lors d’un colloque sur les violences interpersonnelles à l’Université de Montréal. Et les conséquences sur leur santé physique et mentale semblent plus importantes que chez les autres enfants.
Depuis six ans, la chercheuse Isabelle Daigneault de l’Université de Montréal croise des données issues de centres jeunesse, de la RAMQ et du ministère de la Santé pour tenter de voir la prévalence des agressions sexuelles chez les enfants qui présentent une déficience intellectuelle et le nombre de consultations et de diagnostics qui ont suivi.
Avec son équipe, elle a analysé le dossier de 882 jeunes pour lesquels un signalement pour agression sexuelle avait été fait et retenu dans un centre jeunesse du Québec. Précisons que lorsqu’un enfant est victime d’agression sexuelle, il y a une obligation légale à signaler celle-ci au Directeur de la protection de la jeunesse, qui ouvre alors un dossier.
Pour chacune de ces jeunes victimes, la chercheuse est allée chercher les antécédents de santé, ce qui lui a permis de voir que 3 % du groupe avait un diagnostic de déficience intellectuelle. Or, il est généralement admis que les personnes avec une déficience intellectuelle représentent 1 % de la population générale.
Elle a ajouté à cela quelques paramètres et facteurs de risque, liés à l’âge, au sexe et à la défavorisation économique et sociale, et elle en arrive à la conclusion que les jeunes ayant une déficience intellectuelle sont 3,46 fois plus à risque d’être victime d’une agression sexuelle que les autres enfants. L’âge moyen au moment de l’agression était de 11 ans.
« On savait que chez les jeunes ayant subi une agression sexuelle pendant l’enfance, les personnes ayant une déficience intellectuelle étaient surreprésentées. Mais il y a très peu d’études là-dessus et c’est une population que l’on connaît moins, dans la mesure où il n’y a pas une occurrence très élevée de déficience intellectuelle dans la population », explique Isabelle Daigneault en entrevue au Devoir.
De façon générale, les enfants qui ont vécu une agression sexuelle ont plus de problèmes de santé physique (dont des problèmes génito-urinaires) et de santé mentale (dépression, chocs post-traumatiques, trouble de comportement ou de l’attention, etc.). Ces problèmes semblent encore plus importants chez les jeunes victimes qui ont une déficience intellectuelle.
« Nous ne pouvons affirmer que c’est sûr à 100 %, car l’échantillon est trop faible, mais nos résultats tendent à démontrer que les jeunes avec une déficience intellectuelle présentent plus de problèmes de santé physique et mentale après l’agression », explique la chercheuse, qui compte refaire l’étude à plus grande échelle pour valider cette hypothèse.
« Les jeunes qui présentent une déficience sont vraiment très vulnérables et il faut intervenir davantage en prévention », conclut Isabelle Daigneault.