Séance de déballage collectif

L’initiative s’inscrit dans le cadre du mouvement mondial «Plastic Attack», dont c’était la première édition en Amérique.
Photo: Valérian Mazataud Le Devoir L’initiative s’inscrit dans le cadre du mouvement mondial «Plastic Attack», dont c’était la première édition en Amérique.

À leur sortie de l’épicerie, une femme et ses deux enfants s’arrêtent devant la rangée de chariots placés sur le béton. Puis, ils déballent le contenu de leurs emplettes pour le transférer dans des sacs et des contenants réutilisables. La pellicule de plastique entourant leur fromage, la barquette contenant leurs tomates cerises… Hop ! Tout est largué dans les chariots, qui se rempliront au cours de la journée.

Ce geste de désemballage collectif, répété des dizaines de fois devant un Provigo de Rosemont dimanche, s’inscrit dans le cadre du mouvement mondial Plastic Attack, dont c’était la première édition en Amérique, selon les organisatrices montréalaises. L’initiative est née à Bristol, en Angleterre, en mars. Depuis, des « attaques au plastique » se sont produites aux quatre coins du monde. L’événement pacifique souhaite sensibiliser l’ensemble de la population au désastre écologique causé par les six à huit millions de tonnes de plastique qui finissent dans les océans.

En l’espace d’une heure, les chariots disposés devant le supermarché se sont remplis de déchets de plastique. « Les gens ne s’en rendent pas compte lorsqu’ils jettent un emballage, mais en les empilant dans ces paniers, on voit l’ampleur du phénomène », explique une des organisatrices, Marie-Eve Bolduc.

Pour l’occasion, Loblaw, propriétaire de Provigo, a dépêché sur place sa directrice principale aux affaires de l’entreprise et aux communications. La chaîne se montre sensible à cet enjeu qui interpelle de plus en plus de consommateurs. « C’est sûr que si la clientèle le demande, ça nous force à réfléchir davantage. On se doit d’être à l’écoute », affirme Johanne Héroux.

Une premier «attaque au plastique» à Montréal


Les défis du zéro déchet

 

Jocelyne Faille et son conjoint ont été scandalisés par la quantité de déchets de plastique qu’ils ont vus sur des plages lors de vacances en Thaïlande et en Indonésie. C’est pourquoi ils se sont déplacés depuis Laval pour prendre part à l’événement. « Plus on en parle, plus on se conscientise, surtout notre génération. Avant, on gaspillait sans en avoir conscience », souligne la femme, dans la soixantaine.

Stéphanie Bernard s’est elle aussi déplacée spécialement pour l’occasion. « J’achète de moins en moins de choses ici, parce que je privilégie ce qui est non emballé », dit-elle au Devoir.

Certains aliments sont plus difficiles à acheter en vrac, concède-t-elle en transférant de fragiles bleuets dans un sac réutilisable. Une autre cliente, Emmanuelle, pose le même constat en découpant l’emballage de plastique qui entoure son salami végétalien. « On n’a souvent pas le choix d’acheter du surremballé. Comme cette viande, elle n’existe pas en vrac. »

Le manque d’options sans emballage dans les grandes chaînes a d’ailleurs été dénoncé dimanche par plusieurs consommateurs, dont Ghyslaine Coutu, qui habite dans l’est de Montréal. « J’essaie de faire les choix les plus écologiques, mais je marche avec une canne. Dans mon quartier, je n’ai souvent pas le choix. »

Claudia Houle Champoux, une adepte du zéro déchet, a même remis une lettre au gérant du Provigo dimanche afin de réclamer une plus grande offre de produits en vrac.

 

Enjeu politique

Seul élu présent sur place, le député néodémocrate Alexandre Boulerice a dénoncé l’inaction du gouvernement fédéral. « Quarante pays dans le monde ont des stratégies nationales de réduction du plastique, mais pas le Canada. On est en retard », a déclaré au Devoir l’élu de Rosemont, rappelant que son parti a déposé une motion à la Chambre des communes pour que le pays se dote d’une telle stratégie.

La pollution par le plastique préoccupe de plus en plus les citoyens, selon Greenpeace Canada. « Depuis 2017, des vidéos d’océans remplis de plastique obtiennent des records de visionnement sur les réseaux sociaux », souligne Agnès Le Rouzic, de la campagne « Pour un futur sans plastique » de l’organisme, qui était présente pour appuyer la démarche citoyenne.



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