À l’origine des communautés francophones

Alice Mariette Collaboration spéciale

Ce texte fait partie du cahier spécial Francophonie

L’empreinte de la langue française traverse l’ensemble du territoire nord-américain. Où sont les francophones dans cet espace et comment se sont fondées ces différentes sociétés ?

Dans différentes communautés, du Canada au Mexique en passant par les États-Unis et les Caraïbes, le français demeure une langue bien vivante dans le quotidien des populations. Comment se sont-elles constituées et quels en sont les marqueurs ? À l’occasion de la Journée internationale de la Francophonie, le 20 mars, quatre experts répondront à ces questions lors du colloque Migrations dans l’espace francophone nord-américain passé et présent. « Il est important de rappeler la présence de communautés francophones sur le territoire nord-américain », pense Richard Marcoux, directeur de l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF), organisateur de l’événement, avec le Centre de la Francophonie des Amériques (CFA).

Mouvements migratoires

 

« Lorsqu’on parle de l’immigration francophone, on a souvent l’impression que ça ne dure que depuis 25 ou 30 ans, mais les francophones sont en fait très mobiles depuis l’arrivée des Français au XVIIe siècle », lance d’emblée Yves Frenette, spécialiste de la francophonie nord-américaine et de l’histoire de l’immigration et des groupes ethniques. Celui qui est aussi professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 1 sur les migrations, les transferts et les communautés francophones à l’Université de Saint-Boniface présentera notamment les trois grandes périodes de l’histoire des migrations francophones en Amérique du Nord.

La première vague migratoire correspond à la Nouvelle-France. « Il s’agit d’abord de la période coloniale française, les premiers foyers de peuplement, depuis l’occupation de l’Acadie jusqu’à la chute de la Nouvelle-France, puis dès 1763, la période coloniale anglaise », résume le professeur. Puis, vient la période de la migration de masse, entre 1840 et 1930. « À ce moment-là, nous constatons une grande croissance des mouvements », explique-t-il. De nombreux Québécois partent aux États-Unis et en Nouvelle-Angleterre, d’autres se rendent en Ontario ou dans les provinces des Prairies. « C’était une mobilité très intense. Si on avait pris le train il y a 100 ans, dans toutes les directions on aurait rencontré des francophones qui prenaient la route pour aller travailler ailleurs », développe le professeur. En plus de ces migrations intracontinentales, de nombreux Français et Belges sont venus s’établir dans les Prairies canadiennes, au Québec et aux États-Unis. Pour finir, la troisième période s’étale de 1930 à 1980, alors que les migrations continentales diminuent. « À ce moment-là, il y a eu beaucoup de mobilité à l’intérieur même du Québec avec l’ouverture de nouvelles zones de peuplement, notamment grâce à l’expansion des ressources naturelles », détaille le professeur.

Stratégies de déplacement

 

Alors que certains se représentent les francophones comme un peuple sédentaire et géographiquement stable, en réalité, la mobilité a toujours été très présente. « Contrairement à l’image que peuvent avoir les francophones d’une même famille qui, génération après génération, habite le même lopin de terre, les migrations francophones ont toujours été très importantes, explique le professeur. Sans cette mobilité, il n’y aurait pas de communautés francophones à la grandeur du continent nord-américain aujourd’hui. »

En outre, dès la migration de France vers la Nouvelle-France, l’économie et les relations de parentés sont centrales dans les migrations. « Une des raisons majeures de la migration est la volonté d’assurer à ses enfants un avenir. Dès les débuts, la migration constitue une stratégie d’améliorer sa condition, à soi-même et à celle de sa famille », commente Yves Frenette.

 

Une migration à plusieurs visages

Lors du colloque, Jean-Pierre Corbeil, directeur adjoint de la division de la statistique sociale et autochtone, à Statistique Canada, brossera le portrait des flux migratoires de 1991 à 2016. La diaspora haïtienne sera aussi abordée, avec Samuel Pierre, professeur à l’École polytechnique de Montréal, président-cofondateur de la Fondation Québec-Haïti pour une scolarisation universelle de qualité, ainsi que de la Fondation canado-haïtienne pour la promotion de l’excellence en éducation. Pour compléter ce portrait de la migration francophone en Amérique du Nord, Haydée Silva, professeure à l’Universidad Nacional Autónoma de México, parlera de la francophonie en Amérique latine.

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