Technologie et sécurité - Regarde maman, sans les mains!
Si vous pensiez que le cellulaire au volant était une équation qu'on devrait résoudre en en éliminant la première variable, détrompez-vous. C'est en faisant disparaître le volant qu'on réglera définitivement la question! En tout cas, c'est une avenue présentement étudiée par les participants au «grand défi DARPA», tenu le 13 mars dernier.
Pour résumer rapidement, le grand défi en question est géré par la même organisation d'où origine la mécanique derrière le réseau Internet. La Defence Advanced Research Projects Agency, ou DARPA, a créé ce défi pour permettre à des ingénieurs de mettre au point les meilleures technologies capables de «conduire» un véhicule routier sans l'intervention d'un être humain. Partant de la banlieue de Los Angeles, 15 véhicules, qui sont donc autonomes à tous points de vue, doivent se rendre jusqu'à Las Vegas via le désert du Mojave, où ils devront affronter dunes, arbustes et autres obstacles sans avoir recours au jugement du cerveau humain.La mauvaise nouvelle, c'est que les fruits de ce défi visent à créer le véhicule militaire autonome par excellence, un véhicule qui pourrait constituer le tiers du parc automobile militaire d'ici dix ans, selon les souhaits des dirigeants de DARPA. La bonne nouvelle, c'est que depuis l'an dernier, on permet à des chercheurs oeuvrant dans d'autres domaines que le secteur militaire de participer au défi. Autrement dit, on pourrait aussi voir naître du côté civil des applications issues de ce défi.
Mais, comme le veut la tradition dans l'industrie automobile américaine, c'est encore grâce à des recherches militaires qu'on pourra améliorer les technologies que l'on retrouve dans les voitures. Et ce ne sera pas pour bientôt. Le prix de un million de dollars américains, remis à l'équipe gagnante, est resté dans les coffres, puisqu'aucun véhicule n'a pu franchir la totalité des 227 kilomètres du tracé.
Lueur d'espoir?
La revue anglaise The Economist faisait mention dans une récente édition du service de navette de l'aéroport Schipol d'Amsterdam, tirant profit d'un système de navigation baptisé FROG, pour «Free-Ranging-on-Grid», qui permet aux usagers de l'aéroport d'être transportés des divers stationnements à l'aérogare grâce à des autobus sans conducteur.
La technologie FROG utilise des émetteurs magnétiques intégrés à la route, qui envoient au véhicule des signaux lui indiquant sa position. Il s'agit d'une technologie qui pourrait facilement être transposée à probablement n'importe quel véhicule, étant donné que la principale composante du système, et la plus coûteuse, n'est installée qu'une seule fois dans le pavé de la route. Imaginez les bénéfices qu'en tirerait l'industrie du camionnage: les camionneurs pourraient simplement superviser le transport sans avoir à rester éveillés ou au volant durant de longues périodes ininterrompues...
Solutions déjà existantes
Bien qu'il soit permis de rêver, il ne faut pas penser que les solutions pratiques ne sont que mirage dans un lointain horizon. Encore méconnues, certaines petites technologies sont présentement disponibles chez quelques constructeurs qui visent justement à accroître la sécurité en réduisant le nombre de distractions qui peuvent affecter l'esprit du conducteur.
Parmi celles-ci, le système UConnect, du groupe Chrysler, qui prend en charge les appels téléphoniques des téléphones portatifs se trouvant dans le véhicule lorsque celui-ci est en marche. Utilisant la technologie Bluetooth, sur laquelle nous laisserons le collègue Michel Dumais s'attarder, puisqu'elle relève davantage de ses compétences, ce système utilise les composantes de la chaîne stéréo du véhicule pour interagir avec les passagers. Ceux-ci peuvent recevoir des appels ou en effectuer sans avoir à lever le petit doigt.
«Seule la province de Terre-Neuve interdit l'utilisation d'un appareil cellulaire au volant, mais d'autres provinces songent à en faire autant», affirmait récemment Paul Fleet, responsable des communications pour DaimlerChrysler Canada. C'est en quelque sorte ce qui a motivé la société automobile à lancer ce système sur tous leurs nouveaux modèles, à partir de 2005.
«Outre le fait que tenir le téléphone monopolise l'usage d'une main, l'un des plus grands facteurs de distraction est la composition d'un numéro de téléphone tandis qu'on conduit», ajoute-t-il. D'où l'utilité, selon lui, d'un service comme UConnect, qui utilise également un système de reconnaissance vocale pour permettre aux passagers de composer un numéro de téléphone vocalement... en anglais.
Du point de vue de la reconnaissance vocale, mentionnons au passage que ça a pris deux ans à la société Nissan avant d'introduire un équivalent francophone, malgré le fait que la marque soit la propriété d'un groupe français. Espérons que sa contrepartie américaine en fera autant dans un délai plus court...
Enfin, côté conduite assistée, quelques fabricants d'automobiles, dont Nissan et Audi, offrent désormais un régulateur de vitesse avec radar qui ralentit automatiquement le véhicule lorsqu'il détecte, à l'avant, un autre véhicule roulant moins vite. Ce n'est certes pas très révolutionnaire comme innovation, mais c'est peut-être le premier pas vers le véhicule qui se déplace de lui-même, grâce à une batterie de radars et d'ordinateurs de bord.