Négociations rompues - Radio-Canada présentera une offre globale à ses employés jeudi

Les négociations entre le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC) et la Société Radio-Canada (SRC) sont à nouveau en eaux troubles, moins de deux ans après la fin du lock-out qui avait réduit le diffuseur public au silence pendant près de deux mois.
Les pourparlers pour le renouvellement de la convention collective, échue le 28 mars dernier, ont été rompus jeudi dernier, après que l'employeur eut annoncé qu'il déposerait une offre globale à ses employés jeudi prochain, deux jours avant l'assemblée générale du syndicat, prévue pour samedi.«Radio-Canada ne négocie pas avec les représentants légitimes des syndiqués et essaie de s'adresser directement aux membres par-dessus la tête du comité de négociation. C'est une vieille tactique qui leur est chère, autoritaire et paternaliste», dénonce le président du SCRC, Daniel Raunet.
Le directeur général des communications de la SRC, André Beaudet, dément la version syndicale voulant que l'employeur ait rompu les négociations jeudi. Il précise que la SRC a choisi de présenter une offre globale devant le refus du syndicat de discuter des questions financières avant d'avoir réglé celles d'ordre normatif.
«En faisant une offre globale, cela va permettre aux gens de connaître l'ensemble de nos propositions et de constater qu'elles se tiennent et sont équitables», explique M. Beaudet.
Précarité, égalité et heures supplémentaires
Trois questions d'ordre normatif «empoisonnent l'atmosphère», au dire du syndicat.
Selon la compilation du comité de négociation, la précarité d'emploi sévit davantage au Québec que dans les neuf autres provinces, et ce, autant dans le réseau anglais que français. On compte au Canada anglais 79,3 % d'employés syndiqués, alors que cette proportion n'est que de 74,3 % au Québec.
«Dès qu'on traverse la rivière des Outaouais, toutes les émissions de services telles celle d'Homier-Roy le matin, Indicatif présent ou les émissions de retour à la maison, sont peuplées de permanents. Chez nous c'est peuplé de contractuels, qui sont parfois là depuis cinq, dix ou vingt ans. Il y a des postes de permanents camouflés dans le système», fait valoir M. Raunet. Le syndicat exige la permanence pour tous les employés temporaires ou contractuels au service de la SRC depuis trois ans à temps plein.
Le plus faible pourcentage d'employés permanents s'expliquerait, selon la partie patronale, par un nombre plus important d'émissions produites à l'interne au Québec. «À la CBC, autant radio que télé, ils ne font essentiellement que de l'information en production interne. C'est sûr qu'ils ont un pourcentage plus élevé de permanents. Nous aussi, nos gens de l'information sont permanents», souligne M. Beaudet. La revendication syndicale équivaudrait selon lui à priver la société d'une souplesse dans le renouvellement de sa programmation.
Les négociations achoppent aussi du côté du processus de règlement des cas d'égalité salariale entre les hommes et femmes, une question déjà litigieuse au moment de la dernière négociation en 2002. L'employeur propose un mécanisme de règlement des plaintes comprenant un comité consultatif paritaire patronal-syndical.
«Au bout du compte, si madame est toujours moins payée que monsieur, il faut un mécanisme de grief ou d'arbitrage. Radio-Canada, dit non, on veut rester en dernière analyse avec le pouvoir absolu de décider de ce qu'on va faire», affirme le président du syndicat.
La méthode de calcul des heures supplémentaires, comptabilisées seulement après quatre-vingts heures de travail en deux semaines, figure parmi les points en litige.
Sur la question salariale, le syndicat réclame une augmentation de 3,5 % par année, pendant trois ans, alors que l'employeur offre pour l'instant une augmentation de 2,5 % pour une année seulement.
En vertu du Code canadien du travail, les membres syndiqués n'obtiendront le droit de grève — et l'employeur, celui de lock-out — que le 7 mai prochain.