Nouvelle étude - L'itinérance serait particulièrement dure pour les jeunes femmes
Toronto — L'itinérance semble être particulièrement dure pour les femmes de moins de 45 ans, laisse entendre une nouvelle étude publiée dans le Journal de l'Association médicale canadienne.
Les femmes de ce groupe d'âge qui vivent dans la rue se situent au même niveau que les hommes d'âges comparables pour ce qui est de leur espérance de vie — qui est déjà faible. Ces femmes sont peut-être les seules à ne pas avoir une espérance de vie supérieure aux hommes d'âges et de niveaux de vie comparables.«Dans cette catégorie d'âge, on devrait s'attendre à ce que les femmes en général aient un taux de mortalité équivalent au tiers ou à la moitié de celui des hommes», a affirmé le Dr Stephen Hwang, un des auteurs de l'étude. «Ce que cela nous dit, c'est que les femmes sont aux prises avec des conditions très difficiles.»
L'étude, qui a suivi 1981 femmes sans abri à Toronto pendant un peu plus de deux ans et demi, a permis de constater que celles qui étaient âgées entre 18 et 44 ans avaient un taux de mortalité 10 fois plus élevé que celui des femmes de la même catégorie d'âge bénéficiant d'un toit.
Des études semblables réalisées dans sept autres villes du monde, dont New York, Copenhague et Montréal, ont aussi démontré que les femmes de ce groupe d'âge risquaient beaucoup plus de mourir que les femmes qui avaient de quoi se loger.
Le Dr James O'Connell, un professeur à la faculté de médecine de l'université Harvard, a qualifié les résultats de l'étude de Toronto de «stupéfiants», en ajoutant qu'il s'agissait d'un cri d'alarme pour que les choses changent.
«Cette crise de santé publique ne sera pas réglée tant que le logement et les soins de santé ne deviendront pas un droit fondamental pour chaque être humain», a-t-il écrit dans un commentaire également publié dans le Journal de l'Association médicale canadienne.
M. O'Connell, qui est président d'un programme pour les sans-abri à Boston, soutient que les résultats de l'étude sont particulièrement troublants compte tenu du fait que le Canada possède un système de santé universel. «Il ne semble pas suffisant pour prévenir la mort prématurée chez les sans-abri.»
Femmes célibataires
Le Dr Hwang et la coauteure de l'étude, le Dr Angela Cheung, se sont penchés sur les femmes sans abri célibataires, soulignant que des études antérieures avaient démontré que les femmes sans abri avec enfants avaient beaucoup moins de problèmes de santé.
À partir de registres, ils ont recueilli des données sur des femmes célibataires âgées entre 18 et 64 ans qui ont séjourné au moins une nuit dans un refuge de la ville en 1995. Ils ont par la suite consulté les registres ontariens de décès jusqu'en 1997 pour y repérer les femmes qu'ils avaient recensées. Ils ont découvert des certificats de décès pour 26 femmes, dont 21 étaient âgées de moins de 45 ans. Le VIH-sida et les surdoses se sont avérés les principales causes des décès des femmes de moins de 45 ans. Le Dr Hwang a été surpris de constater que les femmes sans abri plus jeunes étaient plus à risque de mourir que les femmes plus vieilles vivant dans les mêmes conditions.