Assurance-vie: un sursis pour les obèses

Les personnes souffrant d'obésité au Québec n'auront pas à débourser plus d'argent pour leur assurance-vie. Du moins pour le moment. C'est ce qu'ont expliqué hier les représentants de l'industrie de l'assurance en réponse au rapport produit cette semaine par le réassureur helvétique Swiss Re suggérant de faire davantage payer les souscripteurs vivant avec une surcharge pondérale.

«Pour le moment, il n'y a pas d'approche nouvelle concernant l'obésité, a expliqué Yves Millette, porte-parole de l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes (ACCAP). Il n'y a pas de travaux particuliers qui vont en ce sens.»

Même s'ils se disent préoccupés par l'épidémie d'obésité qui frappe actuellement le monde occidental, les assureurs n'ont donc pas l'intention d'imposer de surprimes aux gens entrant dans la catégorie des obèses. L'obésité, selon l'Organisation mondiale de la santé, se caractérise par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30. Cet IMC se calcule en divisant son poids en kilo par le carré de sa taille en mètre.

«Rien n'indique que nous allons tenir compte de l'IMC pour l'élaboration de notre tarification et dans notre sélection», ajoute M. Millette. Dans son rapport intitulé L'impact de l'obésité sur les tendances de mortalité: un problème difficile à ignorer, Swiss Re préconise pourtant dans le futur l'intégration de cet IMC jumelé au tour de taille pour discriminer les candidats à l'assurance-vie.

«Nous n'en sommes pas encore là, commente Claude Beauchamp, de Desjardins sécurité financière. Pour l'instant, nous tenons compte de l'état de santé général d'un individu, mais aussi des maladies cardio-vasculaires ou du diabète. L'obésité n'est pas un facteur pris spécifiquement en compte et nous n'avons pas l'intention d'ajuster nos primes en fonction de ça.»

C'est que, pour les assureurs du Québec, la surcharge pondérale est encore loin d'être aussi préoccupante que le tabagisme l'était à une autre époque. «Ce n'est pas un dossier prioritaire pour nous, ajoute M. Millette. Si je me souviens bien des ajustements de primes pour les fumeurs, cela s'est produit après un grand nombre d'études. Avec l'obésité, nous en sommes encore au début. Swiss Re, en tant que réassureur, est en avance sur tout le monde. Il va falloir poursuivre cette réflexion avant de modifier nos pratiques.»

Selon lui, ce rapport est une «première lumière allumée». Reste toutefois que, dans le marché de l'assurance, les réassureurs — les assureurs des assureurs — ont tendance à mener le bal. Ainsi, les lignes directrices imposées par ces puissantes entreprises finissent par déteindre sur les polices d'assurance des compagnies du monde. Cela s'est produit dans les dernières années avec le retrait des moisissures ou des champs électromagnétiques des couvertures en responsabilité civile. Et visiblement, l'obésité, pour Swiss Re, risque d'être au menu des changements dans le secteur de l'assurance-vie dans les années à venir.

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