Recettes pascales dans le monde

Colorier les oeufs de Pâques reste la tradition vivante des pays qui s'apprêtent à rejoindre la Communauté européenne, le 1er mai.

En Pologne, les oeufs sont décorés de couleurs vives et le repas familial de Pâques fait grand cas du cochon de lait, du saucisson et du jambon. L'agneau figure aussi sur la table pascale, mais il est en sucre.

En République tchèque, l'agneau de lait entier est garni d'une farce de tomates, d'ail, d'oignons et de farine de sarrasin parfumée d'une feuille de laurier émiettée.

En Hongrie, la famille se retrouve, au grand complet, le samedi veille de Pâques (Husvét) pour déguster la soupe aigre, le jambon cuit ou bien le goulasch d'agneau. Au dessert, on sert les petits gâteaux (beijgli ou linzer) représentant des animaux ou des personnages, tandis que les enfants cherchent les sucreries cachées dans la maison.

Dans les pays latins, ce sont les cloches de retour de Rome qui déposent les chocolats dans le jardin pour les enfants sages.

En Alsace, ce sont les cigognes qui se chargent de cette tâche ; en Allemagne et en Belgique, les coucous ou les lièvres. Et pourquoi pas la coquecigrue, dont Bernard Pivot (100 mots à sauver, Albin Michel) nous dit qu'elle est un oiseau chimérique composé d'un coq, d'une cigogne et d'une grue ?

Car le temps de Pâques, s'il est lié aux récits bibliques du passage et du retour ou bien au dogme de la Nouvelle Alliance, est aussi celui de la fête païenne du printemps et du renouveau de la nature.

Dans la Rome impériale, on honore le compagnon de Cybèle, déesse de la fécondité, le berger Attis, un héros venu de Phrygie, qui meurt et ressuscite le troisième jour pour le salut de ses semblables.

La célébration de son sacrifice donne lieu à un plantureux repas, comme celui de Mithra, qui, une fois sa mission de prédicateur achevée sur terre, gagne le ciel sur un char ailé.

Ses fidèles fêtent l'équinoxe de printemps par un repas de communion où le partage du pain et du vin assure le bonheur sur la terre et la vie éternelle. Ces influences syncrétiques expliquent sans doute pourquoi Pâques est une fête mobile, laborieusement fixée lors du premier concile de Nicée, en 325, au premier dimanche après la pleine lune de l'équinoxe de printemps.

Pour toutes ces civilisations et religions fondatrices, dont nous sommes encore tributaires, manger est plus que se nourrir. C'est un acte social, symbolique ou religieux, qui tient compte des contingences locales.

En Corse, le seul poisson pouvant parvenir au centre de l'île sans s'abîmer était la morue, autrefois chichement concédée par les Génois (baccalà per Corsica).

Et pourtant, chaque famille chrétienne prépare encore aujourd'hui un plat de morue pour célébrer Pâques.

Dans tout le bassin méditerranéen, c'est l'agneau qui est le symbole du renouveau pascal.

En Grèce, on prépare pour la veillée pascale une soupe avec les tripes de l'agneau qui sera rôti pour le déjeuner du lendemain.

En Italie, l'agneau de lait rôti est accompagné des premiers légumes primeurs.

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