Clin d'oeil - Parcourir le printemps
Le printemps est à nos portes. Chez nous, on ne le sait que trop, il hésite à éclore, laissant les giboulées de mars ou d'avril couvrir le sol, tardant à chasser les derniers froids. Il faudra attendre mai pour qu'en moins de quinze jours il nous fasse passer au vert.
Ailleurs, là où les effets de l'hiver ne se font pas sentir six mois par année, il prend davantage ses aises. Déjà, en février, les premières fleurs expriment leurs couleurs et, petit à petit, les bourgeons vont devenir des feuilles sans se presser.Voici donc quelques idées pour goûter le printemps de diverses manières.
- La Calabre dessine le talon de la botte italienne. Comme dans tout le sud du pays, le soleil qui accapare le ciel brûle tout l'été. En avril, s'épanouit une Calabre verte et éphémère. Au large de Diamante, des pêcheurs traquent encore l'espadon comme leurs ancêtres avec un guetteur en haut d'un long mât et d'un harponneur à l'avant d'une barque effilée. Les vins de l'année précédente se laissent doucement déguster à l'ombre des figuiers.
- Quand le vent finit par chasser les nuages et la pluie, la Bretagne de mars ruisselle de lumière. En Argoat ou dans l'Armor, au bord des caps têtus ou dans les profondeurs de la forêt de Brocéliande où flottent les souvenirs de Merlin l'Enchanteur et de la fée Viviane, la terre s'éveille en exhalant la vie.
- Qui de plus beau et de plus étonnant qu'un désert après les fortes pluies de fin d'hiver ? La veille, ce n'était que poussière et rochers nus. Du côté de la Californie et de l'Utah, une explosion de vie transforme cactus et plantes rêches en créatures de jardins tropicaux. Mais c'est une loterie : personne ne peut parier avec certitude que l'eau tombera des cieux.
- Imouzzer-des-Ida-ou-Tanane : retenez ce nom, répétez-le. Au printemps, dans les montagnes derrière Marrakech, les paysans se retrouvent en ce village pour célébrer la fête du miel, boire du thé brûlant, manger des desserts fortement sucrés, écouter la musique des orchestres improvisés, danser. Répétez ce nom...
- En mai, les Allemands, tous les germanophones d'Europe en fait, sont friands d'asperges blanches. Simplement nappées d'une sauce légèrement opaque, elles constituent le délice de la saison. À la table des guinguettes comme des restaurants les plus huppés.
- Autour de Pâques, sur les rives du Potomac, les cerisiers en fleurs transforment Washington de leur beauté fragile. La capitale états-unienne prend alors des airs de campagne. Bonne occasion d'aller écouter des concerts de musique de chambre dans les salles des pavillons du Smithsonian débordantes de plantes vertes. Une façon de prendre patience en attendant de parcourir à vélo les vergers des Montérégiennes.
- Au Vermont, un État décidément pas comme les autres, St. Johnsbury revendique chez nos voisins le titre de capitale du sirop d'érable. Les cabanes à sucre, là-bas, présentent un visage familier. Avouons que, dans ces plis appalachiens au delà de la frontière, ils savent y faire.
- Avant que l'hiver ne s'éloigne, suivez le Saint-Laurent le long de la 132 ou de la 138. Voyez les glaces fondantes qui partent à la dérive pour un ultime voyage. De la pure poésie.