Là où personne n’est encore jamais allé

Julie Gauthier Collaboration spéciale
Vue de la galaxie NGC 4490 grâce au téléscope Hubble
Photo: ESA Hubble Agence France-Presse Vue de la galaxie NGC 4490 grâce au téléscope Hubble

Ce texte fait partie du cahier spécial 50 ans de philosophie au collégial

« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie », disait Blaise Pascal, pour qui l’être humain, mis devant l’infini du cosmos, se trouve confronté au silence, à l’absence de réponses. Au philosophe français du XVIIe siècle, j’aime bien rappeler un autre français, non pas un philosophe, mais le capitaine du vaisseau Enterprise, au XXIVe siècle. Dans Star Trek : la nouvelle génération, le capitaine Jean-Luc Picard, un humaniste passionné de littérature et de philosophie, nous rappelle que ce que l’humain cherche, en explorant les étoiles, c’est lui-même, sa place, sa raison d’être. Il ne faut pas attendre une réponse venue du cosmos : c’est en nous que nous finirons par trouver. Pour Picard, le véritable défi qui attend les jeunes qui s’inscrivent à Starfleet ou au cégep n’est pas d’apprendre à piloter un vaisseau ou de réparer un téléporteur. C’est dans la philosophie, dira-t-il, que se trouve la plus grande difficulté : elle nous force à nous remettre en question, à nous explorer pour mieux nous comprendre, pour nous améliorer. Là réside la plus grande aventure humaine. Là aussi réside, finalement, toute l’exploration à laquelle nous convient les cours de philosophie, et Star Trek.

Dans une époque où la quête de connaissance pour elle-même se voit de plus en plus démonétisée au profit d’une logique utilitaire et du culte de la popularité, la philosophie s’impose comme une nécessité. C’est ce constat qui a poussé Gene Roddenberry à créer, en 1966, un futur utopique, où l’on voit tout ce dont l’être humain est capable lorsque c’est la quête de la connaissance qui agit comme principale source de motivation. C’est à cet enthousiasme envers nous-même que je convie mes étudiants. Si l’être humain est capable du pire, et tend fréquemment à le démontrer, il est malgré tout capable du meilleur. L’appel philosophique des étudiants des cégeps se solde rarement par le silence qui effrayait tant Pascal. Au terme de leur parcours collégial, les jeunes adultes auront appris à se connaître eux-mêmes, comme le préconisait Socrate et comme le fera le capitaine Picard, 3000 ans après le philosophe grec.

C’est à cause de l’humanisme du capitaine Picard que j’ai renoncé à étudier en aéorospatiale et que je me suis consacrée à l’étude, puis à l’enseignement, de la philosophie. La science-fiction, en nous présentant ce qui pourrait être, nous met non seulement en garde contre nos multiples erreurs, mais, plus important encore, nous montre tout notre potentiel. J’aime rappeler à mes étudiants que l’être humain n’est jamais condamné à la dystopie et que l’aventure de l’humanité commence d’abord et avant tout en nous-mêmes. Star Trek nous appelle aux mêmes défis que la philosophie : celui de l’exploration du monde, du dépassement de nos limites et, finalement, de la connaissance de soi.

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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