Le procès du policier ayant happé mortellement un cycliste s'est ouvert à Québec

La mort de Guy Blouin avait secoué les citoyens du quartier Saint-Roch, à Québec.
Photo: Renaud Philippe Le Devoir La mort de Guy Blouin avait secoué les citoyens du quartier Saint-Roch, à Québec.

Le policier Simon Beaulieu, de la police de Québec, roulait à reculons à une vitesse de 44 km/h quand il a happé mortellement le cycliste Guy Blouin, a tenté de démontrer vendredi la poursuite, dans un procès résultant d’événements ayant secoué le quartier Saint-Roch en 2014.

Trois ans après les événements, le policier s’est présenté en cour pour subir son procès pour conduite dangereuse et négligence criminelle ayant causé la mort. Il a plaidé non coupable.

Devant le juge René de la Sablonnière, la Couronne a tenté de démontrer que le jeune policier reculait dans l’étroite rue Saint-François à une vitesse de 44 km/h quand il a frappé Guy Blouin. L’agent, qui a été promu enquêteur depuis les événements, venait tout juste de croiser le cycliste quand il a décidé de faire marche arrière dans la rue à sens unique. Le cycliste est décédé à l’hôpital, peu de temps après l’impact, à la suite de « lésions mortelles au thorax », selon le rapport du coroner Donald Nicole. « Il s’agit d’une mort violente », a-t-il noté.

Violente, mais aussi polarisante : la mort du cycliste de 48 ans avait soulevé l’ire des habitués du parvis de l’église de Saint-Roch, un lieu de rassemblement populaire où s’accumulent encore les fleurs sur une croix à la mémoire de Guy Blouin.

Certains de ces habitués du quartier ont lancé le Comité du 3 septembre et réclamé une enquête indépendante. Le mandat a finalement été confié à la Sûreté du Québec.

La vitesse contestée

 

C’est donc un reconstitutionniste de ce service de police qui a été appelé à la barre vendredi. Yves Brière a fait état des expertises qu’il a menées pour conclure que Simon Beaulieu reculait à grande vitesse quand il a happé Guy Blouin, avant que la roue arrière de sa voiture n’écrase sa poitrine et projette son corps sur une distance de sept mètres.

La défense, assumée par l’avocat Maxime Roy, a plutôt suggéré que la voiture de l’agent se déplaçait à 22 km/h, en se basant sur les données contenues dans le GPS de l’autopatrouille. « Mes données sont plus fiables », a martelé Yves Brière, en faisant valoir que le GPS n’avait noté aucun arrêt du véhicule, alors qu’il semble évident, pour lui, que la voiture a ralenti avant de passer en marche arrière.

Une partie du témoignage a porté sur un défaut intermittent dans le système de freinage ABS du véhicule conduit par l’agent Beaulieu. « Cette défectuosité n’a pas été contributive au moment de la collision avec la bicyclette », a attesté Yves Brière.

Les deux parties ont par ailleurs admis que la voiture que conduisait le policier Beaulieu, comme la bicyclette de Guy Blouin, a été déplacée à la suite de la collision. L’état du véhicule et de la scène a cependant été préservé, ont-ils assuré.

Plus de 350 enquêtes indépendantes

Un total de 354 enquêtes indépendantes ont été ouvertes au cours des dix dernières années à la suite d’interventions policières au cours desquelles des personnes sont mortes ou ont été blessées, révèlent des données du ministère de la Sécurité publique auxquelles Le Devoir a eu accès.

Du nombre, 105 sont des tentatives de suicide qui ont été effectuées dans le cadre d’une détention ou d’une intervention policière, un phénomène appelé « suicide par policier interposé ».

Toujours selon ces chiffres, qui couvrent la période du 1er janvier 2006 au 26 juin 2016, un total de 119 enquêtes ont été déclenchées en raison de décès ou de blessures par balles dans le cadre d’une intervention policière. Les poursuites policières ayant entraîné un décès ou une blessure grave ont quant à elles été à l’origine de 62 de ces enquêtes indépendantes, tandis que la catégorie « autres » a regroupé 62 événements.


À voir en vidéo