Poursuivre une vie active sans souffrance physique

Camille Feireisen Collaboration spéciale
Marie-Christine Richard essaie de trouver des solutions pour prolonger la durée de travail des quinquagénaires sans que ces derniers souffrent de douleurs physiques liées à leur activité professionnelle.
Photo: Université de Sherbrooke Marie-Christine Richard essaie de trouver des solutions pour prolonger la durée de travail des quinquagénaires sans que ces derniers souffrent de douleurs physiques liées à leur activité professionnelle.

Ce texte fait partie du cahier spécial Relève en recherche

Les Québécois en âge de travailler sont de moins en moins nombreux. La population vieillit et se trouve souvent aux prises avec des douleurs musculosquelettiques. Partant de ce constat, Marie-Christine Richard, étudiante en maîtrise à l’Université de Sherbrooke, tente de déterminer quels facteurs pourraient aider ces personnes de 55 ans et plus à se maintenir au travail.

La lauréate du prix Acfas IRSST – maîtrise, parrainé par l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail, Marie-Christine Richard, vient d’entrer dans la phase d’analyse de sa recherche. Pour cela, elle a d’abord recueilli des données auprès d’une quinzaine de personnes à travers des rencontres individuelles. « J’ai interrogé des gens qui ont un travail manuel, par exemple menuisiers ou manutentionnaires, et des gens pour qui le travail physique constitue 30 à 40 % de leurs tâches, comme des commis de bibliothèques au comptoir, mais qui doivent parfois ranger des livres dans les étagères », précise-t-elle.

Il n’y avait pas de critère de diagnostic, mais toutes ces personnes souffraient de douleurs chroniques, comme des maux de dos ou d’articulations. C’est le cas d’un quart des gens de plus de 50 ans. Or ce sont eux que les entreprises vont de plus en plus devoir inciter à rester plus longtemps en poste. « Je ne pense pas que cela va être rare, bientôt, de voir des gens de 55 ans et plus se maintenir au travail et je pense qu’il faut se préoccuper de savoir qui sont ces gens. »

Physiothérapeute en clinique pendant plusieurs années, Mme Richard connaît bien la récurrence de ces problèmes de santé chez cette population. Aussi professionnelle de recherche au sein du Centre d’action en prévention et réadaptation de l’incapacité au travail de l’Université de Sherbrooke, elle s’est intéressée dans ses précédents travaux à l’incapacité au travail et l’absentéisme.

C'est important de comprendre comment les gens perçoivent leur travail, si c'est un objet pour se réaliser

Cette fois, ces entrevues lui ont permis de comprendre les raisons qui poussent des gens affaiblis physiquement à continuer leur travail. Pour certains, il s’agit de subvenir aux besoins de la famille, tandis que d’autres font davantage référence à des valeurs associées au travail. « C’est important de comprendre comment les gens perçoivent leur travail, si c’est un objet pour se réaliser, etc. »

Elle a d’ailleurs remarqué que, si le travail est central dans la vie de ces personnes, celles-ci vont avoir tendance à accepter davantage la douleur, ou encore à changer leurs activités hors du travail. « Ces gens-là vont cesser de faire des choses pour pouvoir aller travailler le lendemain », rapporte-t-elle. Ce coût sur la vie sociale doit aussi être pris en compte, pense la chercheuse.

Une recherche novatrice

 

Il s’agit d’une étude exploratoire, indique Mme Richard, car il existe très peu d’informations à ce sujet. « Il y a très peu de données sur les gens qui restent. On parle plus de ceux qui s’absentent. »

Pourtant, le taux d’emploi de ces personnes était de près de 60 % au Canada d’après les données de l’OCDE en 2011, et de 54 % pour le Québec seul. Dans d’autres pays européens, le taux était parfois plus significatif, comme en Suède où ce chiffre dépassait 70 %. En revanche, en France, à peine plus de 40 % de personnes de 55 ans et plus travaillaient.

Ce prix Acfas constitue donc une belle reconnaissance quant au fait qu’il s’agit d’un sujet important, considère Mme Richard. « C’est un encouragement à continuer dans cette direction, et ainsi voir quel impact on peut avoir sur la population au travail », pense-t-elle.

Perspectives d’avenir

L’étude pourrait d’ailleurs servir aux entreprises à lancer des pistes de réflexion, croit Mme Richard. En connaissance de cause, il sera plus facile pour ces dernières de développer des outils pour venir en aide à ces employés aux besoins spécifiques.

Parmi les facteurs à mettre en avant, la chercheuse cite la flexibilité des horaires de travail et le soutien physique aux employés pour accomplir certaines tâches. « Bien sûr, la taille de l’entreprise joue ainsi que les milieux professionnels : s’il y a suffisamment de main-d’oeuvre ou une pénurie par exemple », nuance-t-elle.

Marie-Christine Richard espère avoir terminé son mémoire, sous forme d’articles qui pourront être soumis à des revues spécialisées, début 2018. Elle compte poursuivre ses études au doctorat et ainsi approfondir ses recherches, afin que des solutions concrètes puissent se dessiner.

Ce contenu spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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