Hausse des cas de maladie de Lyme au Québec

Les récents chiffres révélés par le ministère de la Santé sur la hausse des cas de maladie de Lyme au Québec montrent l’urgence de réviser les protocoles pour détecter la maladie, estiment des Québécois dont le diagnostic a soit tardé, soit été négatif ou jamais reconnu.
Longtemps considérée comme une maladie rare, la maladie de Lyme est bel et bien installée au Québec. Depuis le début l’année 2017, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a recensé 65 cas, soit 22 de plus qu’à pareille date l’an dernier.
Parmi les 65 personnes atteintes de la maladie en date du 24 juillet, 55 l’ont contractée au Québec. Encore cette année, les régions de l’Estrie et de la Montérégie sont les plus touchées.
« On est devant une progression qui ne risque pas de s’arrêter, souligne Linda Pinsonneault, directrice de santé publique (DSP) de l’Estrie par intérim. La tique porteuse de la maladie de Lyme gagne du terrain dans plusieurs régions du Québec. »
La maladie de Lyme, qui tire son nom de la ville où elle a été découverte, dans l’État du Connecticut, aux États-Unis, est causée par une bactérie transmise par la piqûre d’une tique infectée. Elle touche non seulement les humains, mais également les animaux.
L’augmentation du nombre de cas diagnostiqués au Québec serait due notamment aux changements climatiques. La hausse des températures combinée à de longues périodes de chaleur favorise l’expansion des tiques porteuses de la maladie.
Si tous s’entendent sur la progression de la maladie, les procédures pour la diagnostiquer suscitent la grogne chez des gens présentant plusieurs symptômes, mais dont le diagnostic a été négatif.
L’Association québécoise de la maladie de Lyme, qui regroupe plus de 180 personnes malades, mais pas nécessairement reconnues, estime que l’augmentation des cas reconnus est « rassurante », mais déplore tous les cas « invisibles ».
« La proportion de tiques infectées est grandissante, alors on s’attendait à ce que le nombre de cas augmente. Par contre, nous n’avons pas l’impression que cette hausse de cas déclarés est due à une amélioration des procédures pour détecter la maladie », souligne Marguerite Glazer, présidente de l’association.
Cas « invisibles »
Les symptômes courants rapportés sur les sites gouvernementaux consistent en une rougeur à la peau qui s’apparente à des anneaux ou à une cible et à de la fièvre. Toutefois, il arrive que les symptômes se manifestent jusqu’à un mois après la piqûre, entraînant maux de tête, fatigue, raideur à la nuque et douleurs musculaires et articulaires.
Pour la plupart des membres de l’association, les symptômes se sont manifestés lentement, sur des périodes allant jusqu’à dix ans.
Consciente des critiques envers les protocoles de détection de la maladie de Lyme, la Direction de la santé publique réitère leur efficacité. « Les outils pour le diagnostic utilisés au Québec et au Canada sont les mêmes qu’aux États-Unis et dans la majorité des laboratoires scientifiques américains », soutient Mme Pinsonneault.
Quant aux cas qualifiés d’« invisibles », elle indique qu’« aucune donnée scientifique n’appuie actuellement l’existence de ces situations ».
Passer pour des fous
Les explications des autorités sanitaires sont dures à entendre pour des gens qui souffrent quotidiennement des symptômes de la maladie de Lyme, mais sans diagnostic officiel.
« C’est difficile parce que chaque fois que des gens expliquent souffrir de la maladie de Lyme, mais sans avoir de diagnostic, on sait qu’il y a une chance que la personne devant roule les yeux », déplore Mme Glazer.
On passe pour des fous, alors que notre seul but, c’est d’aller mieux
« On passe pour des fous, alors que notre seul but, c’est d’aller mieux. »
Guillaume Bouchard fait partie des « cas typiques » de gens atteints de la maladie qui ont dû consulter à l’extérieur du pays pour mettre des mots sur leurs maux. Les tests pour détecter la présence de l’infection au Québec se sont révélés négatifs, si bien qu’il a dû entamer le « parcours du combattant ».
« Je ne rentre pas dans les critères de détection. Je n’ai pas vu la tique. Il n’y a pas eu de rougeurs en forme de cible et ça fait 10 ans que les symptômes ont commencé à se manifester », explique le musicien de 40 ans, qui a dû mettre en veilleuse sa carrière de contrebassiste en raison de la détérioration de son état de santé.
Après avoir consulté une trentaine de médecins, c’est finalement en juin 2016, aux États-Unis, qu’il a eu son diagnostic.
« J’ai dû organiser une campagne de financement parce que l’État ne me prend pas en charge. Au Québec, je ne suis pas considéré comme malade », dénonce-t-il.
Mme Pinsonneault assure que la DSP sensibilise régulièrement les médecins à la maladie, qui a longtemps été méconnue.
« Dans les premiers temps de l’apparition de la maladie, il se peut que des médecins se soient heurtés à des symptômes moins typiques, mais chaque année nous faisons de la sensibilisation et mettons à leur disposition des modules d’informations sur la maladie de Lyme, et nous nous assurons qu’ils ont toute l’information sur le sujet », assure-t-elle.
La directrice de la DSP Estrie assure que la situation est surveillée de très près au Québec comme ailleurs au pays.
« Malgré tout ce qu’on dit sur la maladie de Lyme, il ne faut pas s’empêcher d’aller jouer dehors par peur. Il y a plusieurs mesures de prévention efficaces qui préviennent les piqûres et qui permettent de profiter de l’été sans avoir de craintes », assure-t-elle.
Protection et prévention
Pour éviter d’attraper des tiques lors d’activités extérieures, quelques conseils sont proposésMarcher de préférence dans les sentiers et éviter les herbes hautes
Utiliser un chasse-moustiques sur les parties exposées de votre corps, en évitant le visage
Porter un chapeau, des souliers fermés et des vêtements longs
Entrer son chandail dans son pantalon
Inspecter vêtements et peau après l’activité
Examiner les animaux de compagnie
Source : Portail santé mieux-être du gouvernement du Québec
Que faire en cas de piqûre ?
Étapes à suivre pour retirer une tique à l’aide d’une pince fineSaisir la tique à l’aide d’une pince en étant le plus près possible de la peau et en faisant attention à ne pas presser l’abdomen de la tique, car cela augmente le risque de transmission de la bactérie.
Tirer la tique doucement, mais fermement et de façon continue, sans la tourner ou l’écraser. Si la tête de la tique reste implantée dans la peau, vous pourrez ensuite la retirer délicatement avec la pince. Cette partie ne peut plus transmettre la maladie.
Placer la tique retirée de la peau dans un contenant qui peut être fermé de façon étanche, comme un contenant à pilules vide, et la conserver au réfrigérateur. La tique peut être utile si vous devez consulter un médecin.
Nettoyer la peau avec de l’eau et du savon, et se laver les mains après avoir enlevé la tique.
Consulter un médecin si des symptômes apparaissent dans les 3 à 30 jours suivants.
Source : Portail santé mieux-être du gouvernement du Québec