Itinérance: plus de 500 personnes sorties de la rue

Le Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal (MMFIM) s’est donné l’objectif ambitieux de permettre à 2000 personnes de retrouver un logis d’ici 2020.
Photo: Annik MH de Carufel Le Devoir Le Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal (MMFIM) s’est donné l’objectif ambitieux de permettre à 2000 personnes de retrouver un logis d’ici 2020.

Pas moins de 552 personnes en situation d’itinérance ont désormais leur chez-soi à Montréal grâce au projet 2000 Solutions pour mettre fin à l’itinérance. Bien que ce résultat soit salué de toutes parts, sa pérennité ainsi que le besoin de prévention suscitent des inquiétudes.

L’objectif ambitieux de ce projet lancé en 2015 est de reloger 2000 personnes d’ici 2020.

Ce chiffre est basé sur le nombre de personnes en situation d’itinérance chronique ou cyclique qui ont été recensées au dénombrement des personnes itinérantes de Montréal effectué en 2015.

2000 Solutions pour mettre fin à l’itinérance est une initiative du Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal (MMFIM), qui regroupe plusieurs organismes communautaires, dont l’Accueil Bonneau, la Maison du Père, la Mission Bon Accueil et la Mission Old Brewery, de même que des acteurs des milieux des affaires et de la santé.

Logement d’abord

Les premiers résultats du projet ont été rendus publics mercredi lors d’une conférence de presse. On apprend entre autres que 92 % des personnes logées le sont par l’intermédiaire de l’approche Stabilité résidentielle avec accompagnement (SRA), mieux connue sous l’appellation « logement d’abord », qui consiste à fournir un logement privé et le soutien d’un intervenant à une personne itinérante afin de favoriser sa réinsertion sociale.

« Ça fait beaucoup de cas qui passent par le marché locatif privé, ce qui n’assure pas de pérennité. Si un propriétaire décide de se désengager, il y a des chances que des personnes ne puissent pas garder leur logement », s’inquiète la coordonnatrice adjointe du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Marjolaine Despars.

Le RAPSIM privilégie le logement social avec soutien communautaire comme approche. Celle-ci a la particularité d’offrir un milieu de vie aux personnes en réinsertion. Mme Despars souligne que, en comptant toutes les personnes logées de cette façon au court des dernières années, on dépasserait largement les 552 personnes logées. Elle salue néanmoins le succès de 2000 Solutions.

La directrice de projets du MMFIM, Sonya Cormier, perçoit l’approche SRA comme étant complémentaire aux autres options existantes. « Il y a 2000 solutions », dit-elle, faisant référence au fait qu’il existe autant d’approches que d’individus à aider.

« Il ne faut pas mettre tous les oeufs dans le même panier », résume le protecteur des personnes en situation d’itinérance de la Ville de Montréal, Serge Lareault. L’ancien directeur de L’Itinéraire donne en exemple le cas de Roger Côté, un homme de 58 ans qui a été relogé grâce au projet et dont un témoignage vidéo a été projeté en conférence de presse. « Roger dit s’être senti seul dans son logement lorsqu’il s’y est installé. Il a réussi à passer au travers, mais ce n’est pas tout le monde qui aurait pu. Pour certains qui veulent briser l’isolement, l’approche de logement social avec soutien communautaire peut mieux fonctionner. »

Prévention

 

Sortir des personnes itinérantes de la rue est louable, mais encore faut-il s’assurer que de nouveaux individus ne prennent pas leur place sur le bitume, souligne le RAPSIM, qui avait dénoncé l’absence de volet préventif du projet lors de son lancement en 2015.

Mme Cormier rappelle que 2000 Solutions pour mettre fin à l’itinérance est dans sa première phase. Elle espère qu’avec du financement et du soutien, « l’outil pourra évoluer positivement » et intégrer cette facette.

Selon M. Lareault, la meilleure solution pour prévenir l’itinérance reste de miser sur le logement abordable. « Parce que c’est une façon de continuer à contrôler le marché. Il faut s’assurer qu’il y aura toujours des logements abordables », dit-il.

À ce sujet, le ministre fédéral du Développement social, Jean-Yves Duclos, doit présenter la stratégie nationale de logement de son gouvernement à l’automne prochain. Au budget de mars dernier, quelque 11 milliards ont été débloqués sur 10 ans à cet effet.


En chiffres

Quelques données sur les 552 personnes logées

373 hommes

175 femmes

4 transgenres

44 d’origine autochtone

Plus de 50 % sont logées depuis plus de 12 mois

80 % des hommes et 60 % des femmes ont vécu un an ou plus en situation d’itinérance

85 % vivent sous le seuil de pauvreté

Source : 2000solutions.mmfim.ca


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