Des archéologues à la recherche d’Hochelaga à Outremont

Dans le but de documenter la présence autochtone sur l’île de Montréal, des archéologues effectueront des fouilles dans deux parcs d’Outremont à compter de la semaine prochaine. Leurs recherches, espèrent-ils, leur permettront peut-être de trouver l’emplacement de l’ancien village iroquoien d’Hochelaga.
Les usagers du parc Pratt, situé à l’angle des avenues Van Horne et Dunlup, dans Outremont, verront apparaître dès lundi des clôtures sur la pelouse où le terrain sera excavé à une douzaine d’endroits. Des parcelles de terre d’une superficie d’un mètre carré et d’une profondeur de 50 centimètres seront retirées et soigneusement examinées. Dans le cadre du projet Hochelaga, des chercheurs de l’Université de Montréal et de l’Université McGill sont en quête de traces témoignant de la vie autochtone avant la fondation de Montréal. « L’objectif du projet est avant tout de documenter la présence autochtone sur l’île de Montréal avant 1642 », explique Christian Gates St-Pierre, professeur d’anthropologie à l’Université de Montréal. « Découvrir l’emplacement exact du fameux village d’Hochelaga serait une chance inouïe, mais pas impossible ! »
En 1535, Jacques Cartier avait décrit cette bourgade iroquoienne installée à proximité du mont Royal et entourée de palissades de bois. Lors de son second voyage en 1541, le site avait été déserté. Il faut savoir que ces communautés se déplaçaient tous les 25 ou 30 ans.
L’emplacement exact du village d’Hochelaga qu’avait décrit Jacques Cartier n’a jamais été découvert. Il pourrait se trouver à Outremont, mais peut-être ailleurs, dans d’autres secteurs aux abords du mont Royal. « Pour cette première phase du Projet Hochelaga, nous ne visons que deux parcs à Outremont : le parc Pratt et le parc Outremont. Plus tard, nous irons peut-être étudier […] différents endroits autour du mont Royal, notamment le campus de l’Université McGill », précise M. Gates St-Pierre.
Les archéologues s’attendent à trouver des pièces de poterie, des outils en pierre, des traces de foyers à ciel ouvert ainsi que des ossements humains ou d’animaux. « S’il s’agit du village d’Hochelaga, il devra alors renfermer des traces de maisons longues et de palissades en bois, ainsi que des objets de facture européenne correspondant à ceux que Cartier dit avoir distribués en grand nombre lors de sa visite à Hochelaga, comme des perles de verre et des objets de métal », suggère M. Gates St-Pierre.
Les travaux dans le parc Pratt débuteront lundi et devraient se terminer au cours de la semaine suivante. Le parc Outremont fera aussi l’objet de fouilles archéologiques. Les inconvénients seront mineurs et de courte durée pour les usagers de ces parcs, estime la mairesse d’Outremont, Marie Cinq-Mars. « C’est une chance extraordinaire pour Outremont, autant que pour les historiens, les experts et les citoyens. Tout le monde cherche le fameux village d’Hochelaga. S’il fallait qu’ils trouvent quelque chose, un artefact quelconque, ce serait formidable, explique-t-elle. Il faudrait être petit d’esprit pour être dérangé par ces travaux. »
Outre les parcs Pratt et Outremont, les archéologues envisagent d’étendre leurs recherches aux parcs Beaubien et Joyce.
Les travaux liés au projet Hochelaga, qui a reçu un appui financier de 80 000 $ de la Ville de Montréal, se poursuivront jusqu’en 2020.