

La science et la créativité comme marques montréalaises de distinction
Connaissez-vous Yoshua Benjio? Si ce professeur de l’Université de Montréal chantait, il serait peut-être l’équivalent...
Quand on grandit en région ou au-delà, la métropole est associée à toutes sortes de mythes, de malentendus et de rêves. De la Côte-Nord à l’Abitibi, quatre natifs des régions et un du Labrador comparent leur Montréal fantasmé et leur Montréal vécu.
S’il est une chose que Virginie Blanchette-Doucet mesure bien, c’est la distance réelle et symbolique entre Montréal et l’Abitibi. Son premier roman, Route 117, décrit justement les allers-retours d’une jeune femme confuse entre les deux mondes.
Quand elle-même a débarqué à Montréal une fois adulte, le dépaysement fut grand. Installée dans le quartier autour de la station de métro Honoré-Beaugrand, elle croyait à tort que c’était l’un des coins « les plus actifs » de Montréal. L’anonymat de la grande ville la déstabilisait.
Quand même, elle n’a mis qu’un an à s’acclimater. Plus vite que son personnage. « Avec Internet, c’est plus facile. On ne se perd pas de la même façon dans une ville aujourd’hui qu’avant. » Il lui a fallu vite apprendre « à ne pas parler spontanément aux étrangers à l’arrêt d’autobus ». Mais en travaillant dans une animalerie à Place Versailles, elle a vite découvert que les gens étaient plus sociables qu’ils en avaient l’air. « C’est juste qu’il faut avoir une raison d’entrer en contact avec les gens. »
Quand elle était enfant, Montréal, c’était l’endroit où on allait magasiner. « On partait de Val-d’Or et on allait magasiner au Carrefour Laval. Sinon, on aurait été habillés comme tout le monde. »
Encore aujourd’hui, la diversité de l’offre commerciale à Montréal la fascine. « Je peux acheter des vinyles, un livre en particulier, la pièce manquante pour réparer ma machine à café. À Val-d’Or, on n’a pas ça. Quand quelque chose brise, il faut le commander. »
Ce qu’elle aime le plus : le passage des saisons. Quand l’été arrive, « toute la ville est soulagée en même temps ». On vit cette libération « tous en même temps ».
Ce qu’elle déteste : le manque d’espace. « C’est pour ça que je n’y vis pas. »
Photo: Annick MH De Carufel Le Devoir
Erika Soucy
Auteure
Originaire de Portneuf-sur-Mer, sur la Côte-Nord
Vit à Québec
«Dans mon pays, pas de piscine, Montréal, c’est New York et New York, c’est l’éden », écrivait Erika Soucy dans son premier recueil de poésie. Enfant, elle rêvait d’une ville glamour, de Musique Plus dans la rue Sainte-Catherine. « Pour l’enfant que j’étais, Montréal, c’était l’accès à la culture. La culture télévisuelle surtout. »
C’est d’ailleurs pour participer à une émission de télé qu’elle s’est rendue à Montréal la première fois, à 12 ans.
« Je voulais devenir une artiste. J’étais allée passer des auditions pour une émission de chant de Nathalie Simard. » Elle se souvient de la rue Sherbrooke, qui lui avait semblé infinie. Et du fait que sa mère avait peur de la ville. « Je me rappelle qu’on avait attendu mon beau-père deux heures dans l’auto, sans sortir, parce que ma mère avait peur qu’on se fasse attaquer et qu’il était passé 4 h. »
Des souvenirs qui marquent l’imaginaire. « C’est terrible, mais je me souviens que je regardais les femmes dans la rue en cherchant les putes. Parce que je savais qu’il y avait des prostituées à Montréal. »
Une ignorance dont elle avait parlé dans sa réplique aux propos sexistes de Bernard Gauthier à Tout le monde en parle. « On investit comment dans l’avenir [des jeunes], Bernard ? écrivait-elle. Quand l’école compte 30 élèves pis qu’on s’intéresse à rien de plus que ce qui passe à’ TV, ou de c’est quoi la meilleure marque de froque de ski-doo ? Quand on n’a pas de programme culturel pour nos jeunes, quand y’ont jamais vu un Noir de leur vie pis qu’y chient dans leur short juste à penser au métro de Montréal… »
Or, à son avis, les jeunes de la Côte-Nord d’aujourd’hui sont moins ignorants. Grâce à Internet, Montréal est moins abstraite.
Ce qu’elle aime le plus : le sentiment de liberté. « Quand on passe le pont, j’ai ce sentiment encore que tout est possible. »
Ce qu’elle déteste : rien ! « J’ai la liberté d’aller à Montréal quand j’en ai besoin. C’est une ville qui me fait du bien. »
Photo: Guillaume Cyr
Francis Joncas
Microbrasseur
Originaire de la Gaspésie
Vit à Percé
Propriétaire de la légendaire microbrasserie Pit Caribou à Percé, Francis Joncas ouvrait, il y a un an, une succursale dans la métropole. Ce qui l’a attiré à Montréal ? Les Gaspésiens ! « C’est pas compliqué, il y en a 100 000. Il y a plus de Gaspésiens à Montréal qu’en Gaspésie. »
Bref, la demande était là, dit-il. « Chaque fois que je viens au pub, il y a des Gaspésiens. Même si je ne les connais pas, j’entends leur accent. Le pub a beau être bondé, je vais savoir qu’à la table dans le fond, ça parle gaspésien. »
Quand il était enfant, Montréal était une grosse abstraction. « C’était pas mal l’inconnu pour moi. On n’y allait pratiquement jamais. Quand on partait en vacances avec mes parents, c’était à Québec. » Ses premiers souvenirs de la métropole remontent au cégep, quand il étudiait à Sherbrooke. « Mes amis “ tripaient ”. On allait fêter là la fin de semaine. »
Pas question pour lui d’ouvrir une succursale à Québec, c’était à Montréal que ça devait se faire. « Je n’aime pas Québec, bizarrement. J’aime ça m’y arrêter de temps en temps, mais je n’ouvrirais pas de pub. Montréal, je trouve ça beau. Le mont Royal, la ville, ça me fait “ triper ”. »
En plus, c’est une belle ville brassicole. « Il y a une grosse scène brassicole à Montréal. Mon attachement à la ville est vraiment relié à la bière. »
Ce qu’il aime le plus : les parcs, et « le fait que ce soit une grande ville avec des Québécois, que dans une grande ville comme ça, les gens parlent français ».
Ce qu’il déteste : le trafic. « Si j’habitais à Montréal à l’année, c’est sûr que je n’aurais pas d’auto. »
Connaissez-vous Yoshua Benjio? Si ce professeur de l’Université de Montréal chantait, il serait peut-être l’équivalent...
En adaptant un peu une célèbre remarque de Mordecai Richler, on peut oser dire qu’il existe deux types d’artistes...
Si Montréal fait parler d’elle à l’international, c’est parce que certains secteurs d’activité, comme le jeu vidéo,...
Montréal n’est pas Londres ni Genève ou Paris, mais au fil des décennies, la métropole s’est taillé une place enviable...
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Jacques Patenaude - Abonné 20 mai 2017 08 h 48
Intéressant
Cet article est très intéressant. Pourquoi maintenant ne pas faire le contraire: "Les régions vu de Montréal".
Marcel (Fafouin) Blais - Abonné 21 mai 2017 09 h 34
… cé où ?!? …
« Quand on grandit en région ou au-delà, la métropole est associée à toutes sortes de mythes, de malentendus et de rêves. De la Côte-Nord à l’Abitibi, quatre natifs des régions » (Isabelle Porter, Le Devoir)
De ce regard sur ou concernant Montréal, mythe d’un natif (A) :
Du temps des crèches, et des enfants qui, de naissances et vivant emmurés de ciment, de terrazzo et de fleurs plasitifées montréalais, et ne sachant pas d’où ils provenaient ni se retrouvaient, allaient domicilier et prendre enfance en pleine zone rurale dont Mtl en serait le centre d’attraction-activité par excellence !
De ce centre réputé, et de cette enfance placée en milieu agricole ou forestier, et rural, la vision de Montréal lui demeure comme une éternelle mystérieuse question : « Cé où Montréal qui l’a vu naître et bercer, sauf paître ? »
De ce mythe, Montréal ou …
… cé où ?!? … - 21 mai 2017 –
A : Anecdote d’auteur