La Caisse, partenaire des jeunes entreprises collectives

Pierre Vallée Collaboration spéciale
Temps libre, espace public et espace partagé de travail, est une des récentes initiatives d’Espaces temps, un incubateur de projets d’innovation sociale et culturelle.
Photo: Raphaël Thibodeau Temps libre, espace public et espace partagé de travail, est une des récentes initiatives d’Espaces temps, un incubateur de projets d’innovation sociale et culturelle.

Ce texte fait partie du cahier spécial Innovation sociale

De jeunes entrepreneurs poussent au Québec et certains choisissent de le faire par l’entremise de l’entrepreneuriat collectif en innovation sociale. Et comme tout entrepreneur a besoin d’un banquier, ces entrepreneurs nouveau genre trouvent dans la Caisse d’économie solidaire Desjardins le partenaire idéal.

« C’est tout naturel pour nous d’accompagner les entreprises collectives puisque cela fait partie de notre mission fondamentale », souligne Luc Rabouin, directeur du développement stratégique à la Caisse d’économie solidaire Desjardins. En effet, l’institution financière a accompagné au fil des ans des organisations syndicales, des coopératives d’habitation et de travailleurs ainsi que des organismes de l’économie sociale. « Mais la Caisse n’est pas limitée à ce type d’entreprises collectives, poursuit-il. Nous sommes également ouverts à de nouvelles façons de faire. Et les entreprises collectives dans le domaine de l’innovation sociale entrent de ce créneau. »

Mais un banquier ne demeure-t-il pas toujours un banquier ? « Nous ne sommes pas un banquier normal. Mais, comme n’importe quel banquier, nous sommes assujettis aux règles de base de la finance, comme exiger des garanties avant d’accorder un prêt. » Ici s’arrête toutefois la comparaison avec un banquier traditionnel. « Évidemment, si l’entreprise collective a des actifs à mettre en garantie, nous allons les accepter. Par contre, ce n’est pas le seul critère dont nous tenons compte. » En effet, d’autres facteurs que les actifs propres peuvent tenir lieu de garanties. « Nous allons vérifier s’il y a d’autres bailleurs de fonds dans le projet, comme le Réseau d’investissement social du Québec, ou la Fiducie du Chantier de l’économie sociale, par exemple. La présence d’autres bailleurs de fonds est pour nous un gage de la viabilité de l’entreprise. Ensuite, nous allons évaluer le sérieux du conseil d’administration ainsi que les compétences et le potentiel de l’équipe en place. Et en dernier lieu, nous allons nous assurer que l’entreprise collective est bien ancrée dans sa communauté. C’est pour nous un critère important car, pour faire image, si la maison prend feu, l’on sait alors que toute la communauté sera là pour aider à l’éteindre. »

 

Une caisse proactive

En matière d’innovation sociale, la Caisse d’économie solidaire n’attend pas que l’on vienne frapper à sa porte. Au contraire, l’institution financière se veut proactive. Elle est partenaire de L’Esplanade, un accélérateur en innovation sociale, et vient de se joindre au Laboratoire de l’économie collaborative. « Le fait d’être présents dans ces lieux nous permet d’être aux premières loges en innovation sociale, avant même qu’une idée devienne une entreprise », souligne Luc Rabouin.

UTILE pour les étudiants

L’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE) est un organisme sans but lucratif qui, comme son nom l’indique, oeuvre dans le domaine du logement étudiant. « À Montréal seulement, il y a un besoin pour environ 3000 à 4000 places de logement étudiant, explique Laurent Levesque, coordonnateur général d’UTILE. Et comme les universités disposent de moins d’argent pour la construction de résidence étudiante, UTILE arrive à point sur le marché. »

La formule mise en avant par UTILE peut paraître simple, mais elle est vraiment innovante. D’abord, UTILE fonctionne comme un promoteur immobilier, en ce sens qu’il finance la construction de l’immeuble et en demeure le propriétaire. Par contre, la gestion quotidienne de la résidence est confiée à une coopérative. De plus, le concept s’éloigne de la résidence traditionnelle en privilégiant le logement entier plutôt qu’une enfilade de chambres. « Le fait que nous soyons sans but lucratif nous permet d’offrir des logements à un prix de 15 à 30 % inférieur au prix du marché. »

Si l’entreprise était à ses balbutiements, il n’y a pas si longtemps, ce n’est plus le cas aujourd’hui. « Notre premier immeuble sera construit sur l’avenue Papineau, en face du parc La Fontaine. C’est un projet immobilier de 14 millions de dollars dont le financement est, en fait, terminé. La première pelletée de terre est prévue pour cet été et la livraison en 2018. » De plus, signe que la formule gagne des adeptes, la Ville de Montréal vient d’accorder à UTILE une subvention de 500 000 $.

Temps libre, un espace de rencontre

Espaces temps est une entreprise collective sans but lucratif qui oeuvre dans le domaine de l’innovation sociale et culturelle. Si l’entreprise est officiellement née en 2013, l’aventure commence en 2009. « J’ai eu l’idée en 2009 de créer une plateforme Web, Mur mitoyen, qui servirait à afficher les événements d’une communauté susceptibles d’intéresser les citoyens, explique Vincent Chapdelaine, directeur général d’Espaces temps. C’est grâce au succès de cette plateforme que j’ai compris que j’étais peut-être un entrepreneur, ce que je n’avais pas réalisé avant et en lançant Espaces temps, j’ai compris que mon domaine était celui de l’innovation sociale. »

Aujourd’hui, Espaces temps agit comme une entreprise de services-conseils en innovation sociale pour des institutions, organisations et autres entreprises. « Les services-conseils sont devenus notre principale source de revenus, précise-t-il. Les organisations qui ont l’idée d’un projet en innovation sociale ne possède pas toujours les ressources nécessaires pour le mener à bien. » Si les revenus servent à assurer la rentabilité de l’entreprise, ils servent aussi à lancer de nouveaux projets. Ainsi, Espaces temps a créé Temps libre, un espace de rencontre et un espace partagé de travail qui agit aussi comme pépinière pour des projets en innovation sociale. « Et dès que ces projets prennent de la maturité et offrent une perspective de rentabilité, nous leur donnons alors une entité juridique propre. » Ainsi, depuis sa fondation, Espaces Temps a permis la création de quatre entreprises en innovation sociale.
 

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.



À voir en vidéo