La police de Uashat-Maliotenam se dit indépendante du pouvoir politique

Le Service de police de Uashat-Maliotenam a réagi au reportage diffusé à l’émission Enquête jeudi en affirmant sa « totale indépendance » par rapport au conseil de bande de la communauté. Dans un communiqué, il affirme qu’il est courant que le Service de police de Uashat-Maliotenam ait recours aux services de la Sûreté du Québec dans « certains dossiers à caractère particulier », dont, déduit-on, une plainte pour agression sexuelle contre le chef de bande.
Pour ces dossiers, peut-on lire, « le SPUM peut décider de faire appel aux services de la Sûreté du Québec afin de transférer des enquêtes. Cette pratique assure la transparence ainsi que la neutralité des enquêtes et de la prise de décision. Cette collaboration est régulière et tous les corps de police du Québec s’y assujettissent. Cette solution a d’ailleurs été appliquée dans de récentes enquêtes du SPUM, dont l’une qui a mené à une décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales de traduire l’affaire devant les tribunaux. La justice suit présentement son cours ».
Mike Mckenzie a plaidé non coupable aux accusations d’agression sexuelle sur un mineur lors de son enquête préliminaire, vendredi au Palais de justice de Sept-Îles. Il a été cité à procès. La date de son procès sera connue le 17 mars.
Dans un reportage diffusé à l’émission Enquête jeudi, Sylvane Fontaine, qui a porté plainte pour agression sexuelle contre le chef de bande McKenzie, affirme que le service de police de la communauté n’a pas voulu prendre sa plainte « parce que c’est lui [Mike McKenzie] le chef ».
Pour Ghislain Picard, représentant de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, il n’est pas question d’exclure un chef de l’APNQL, même s’il fait face à des accusations d’agression sexuelle sur une mineure.
« À la limite, les chefs font partie de l’association sur une base volontaire. C’est un forum ouvert, qui n’est pas structuré. Ça n’est pas une corporation. […] Je ne suis pas la police des chefs », a dit M. Picard. Selon lui, il est cependant clair que le pouvoir policier doit être entièrement indépendant du pouvoir politique. « C’est une question extrêmement importante, qui se pose par rapport à l’impartialité des corps policiers dans l’exercice de leurs fonctions. »
Le reportage faisait état d’un autre cas d’agression sexuelle, survenu dans la communauté attikamek de Wemontaci, pour lequel l’ancien chef de police, Jean-Paul Neashish, purge présentement une peine de six ans de prison. L’ancien chef de bande de la communauté, Marcel Boivin, a plaidé coupable à l’accusation d’agression sexuelle pour ce même événement.
Pour Constant Awashish, grand chef de la nation attikamek, il est à la fois douloureux et salvateur que ces informations sortent publiquement. « Il faut que ça sorte pour guérir notre communauté », dit-il.
Il reconnaît que, dans la plupart des institutions, un dirigeant accusé d’agression sexuelle ne pourrait continuer d’exercer son autorité. Dans le cas de Mike McKenzie, un avis commandé par le conseil de bande aurait conclu que, tant que sa culpabilité n’était pas établie, il n’y avait pas de raison de suspendre ou de destituer le chef en vertu du code électoral.
Vendredi, le conseil de bande de Uashat écrivait qu’« au-delà des accusations et des condamnations, le conseil espère donc pouvoir compter sur un plus grand appui des gouvernements, particulièrement du Québec, qui est interpellé depuis plusieurs années par nos communautés. Depuis 2013, nous tentons d’amener le ministère de la Sécurité publique à nous aider afin de trouver des solutions aux problèmes chroniques vécus dans nos communautés ».
De son côté, Femmes autochtones du Québec a souligné le courage de celles qui, malgré la pression sociale vécue dans leur communauté, ont pris la parole afin de dénoncer une situation qui perdure dans les communautés des Premières Nations.