Le Québec pèse moins lourd au Canada

Le croissance démographique du Québec est inférieure à la moyenne nationale.
Photo: Éric St-Pierre Le Devoir Le croissance démographique du Québec est inférieure à la moyenne nationale.

La population du Québec vient de franchir un nouveau seuil historique. La province compte désormais plus de huit millions de citoyens, selon ce qui se dégage du plus récent portrait statistique national. Mais tandis que le Canada poursuit lui aussi sa croissance démographique, le poids du Québec au sein de la fédération ne cesse de reculer, au profit de l’ouest du pays.

Les premières données du Recensement 2016, publiées mercredi par Statistique Canada, révèlent que la population du Québec dépassait les 8,16 millions de citoyens en mai dernier. Cet aperçu du plus récent portrait statistique national indique en outre, et sans surprise, que la croissance de population du pays a elle aussi poursuivi sur sa lancée. Elle dépasse désormais les 35 millions d’habitants.

Si le Québec a évidemment contribué à cette progression du nombre de Canadiens, son apport est toutefois plus faible que la moyenne du pays. « La croissance démographique du Québec de 2011 à 2016 s’est chiffrée à 3,3 %, une croissance inférieure à la moyenne nationale de 5 % », précise la porte-parole de Statistique Canada, Johanne Denis. Le taux des cinq dernières années est également inférieur à celui de la période 2006-2011, période au cours de laquelle le taux de croissance du Québec avait atteint 4,7 %.

La tendance lourde indique d’ailleurs que la province pèse de moins en moins lourd au sein de la fédération canadienne. « Parce que la croissance démographique du Québec est demeurée inférieure à la moyenne nationale au cours des 40 dernières années, son poids démographique au sein de la population canadienne a reculé », fait valoir Mme Denis. Selon les données officielles, le poids de la province est en effet passé de 28,9 % en 1966 à 23,2 % en 2016.

Ruée vers l’ouest

Tandis que le Québec recule, on constate une croissance importante dans l’ouest du pays, selon ce qui se dégage des données du recensement. L’Alberta, puissance pétrolière au sein de l’économie canadienne, a ainsi connu un taux de croissance démographique de 11,6 % au cours des cinq dernières années, soit trois fois et demie celui du Québec. Qui plus est, cette période a été précédée d’un taux de croissance de 10,8 % entre 2006 et 2011.

23,2 %
La population du Québec représente aujourd’hui 23,2 % de l’ensemble canadien, contre 28,9 % en 1966. La croissance démographique du Québec est constamment moins élevée que celle de l’ensemble du Canada depuis 40 ans.

Il faut toutefois souligner qu’en ce qui concerne la population, le Québec devance largement l’Alberta, une province qui compte à peine plus de quatre millions d’habitants. À titre de comparaison, les données de Statistique Canada permettent de constater que Montréal et ses banlieues comptent davantage de citoyens que toute l’Alberta.

Cette province, portée depuis des années par l’exploitation des énergies fossiles, n’est pas la seule à avoir connu un fort taux de croissance démographique entre 2011 et 2016. Le Manitoba et la Saskatchewan ont affiché respectivement des taux de 5,8 % et 6,3 %, soit les plus élevés des provinces, après l’Alberta. « On remarque une forte croissance des trois provinces des Prairies. Il y a maintenant environ un Canadien sur trois qui vit dans l’ouest », confirme la porte-parole de Statistique Canada.

Facteur Québec

 

L’économiste Pierre Fortin ne s’étonne pas de ce déplacement démographique vers les provinces de l’ouest. Après tout, insiste-t-il, l’Alberta agit depuis plusieurs années comme un véritable « pôle d’attraction » pour les travailleurs, notamment ceux venus des provinces de l’est du Canada.

Est-ce que cette tendance lourde est là pour rester ? « Tout va dépendre de l’évolution du prix du pétrole et de l’avenir de l’industrie pétrolière au Canada. Pour le moment, ça se présente bien, notamment avec l’approbation récemment de deux projets de pipelines », fait valoir M. Fortin.

Selon Pierre Fortin, le recul du poids du Québec par rapport à d’autres provinces ne signifie pas pour autant que la province n’a pas de « pouvoir d’attraction ». Il rappelle notamment que l’économie se porte bien, avec un taux de chômage qui est ici à son plus bas depuis 10 ans.

Le hic, constate l’économiste, c’est que le bilan migratoire du Québec demeure négatif au sein du Canada. Il perd des citoyens, entre autres au profit des provinces de l’ouest. À cela s’ajoute un taux de natalité toujours relativement faible, mais aussi un plafond fixé à l’accueil de nouveaux arrivants. Or, l’immigration représente désormais près des deux tiers de la croissance démographique.

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