Requête pour accélérer la réunification familiale des Haïtiens

Des victimes de l’ouragan attendent la distribution de l’aide humanitaire à Les Cayes, en Haïti.
Photo: Hector Retamal Agence France-Presse Des victimes de l’ouragan attendent la distribution de l’aide humanitaire à Les Cayes, en Haïti.

Des organismes d’aide aux immigrants demandent que soit accéléré le traitement des demandes de réunification familiale pour les Haïtiens, dont les délais étaient de 39 mois, selon les données d’Immigration Canada pour 2015. Ils souhaitent aussi le retour du programme spécial de parrainage humanitaire qui a permis, après le séisme de 2010, aux frères et soeurs adultes ainsi qu’aux enfants majeurs non à charge de profiter de la réunification familiale.

À propos de ce dernier souhait, rien ne semble acquis, puisque ni Ottawa ni Québec n’entendent pour l’instant reconduire ce programme.

Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d’Haïti, croit qu’il y a urgence de traiter plus rapidement les demandes des Haïtiens. « Ils sont déjà dans le malheur et la douleur », dit-elle. Mardi, elle a exhorté publiquement les deux ordres de gouvernement, conjointement avec la Table de concertation des réfugiés et des immigrants (TCRI) et le Conseil canadien des réfugiés (CCR). « Certains de ces Haïtiens ont tout perdu dans [l’ouragan Matthew]. Ça fait peut-être deux ans qu’ils attendent de venir au Canada. Et, dans le cas des réfugiés, c’est complètement inacceptable. On veut demander au gouvernement de trouver en priorité des solutions à ce problème », a soutenu pour sa part Janet Dench, directrice du CCR.

Mme Dench reconnaît que les demandes de plusieurs pays méritent une accélération des délais de traitement. « C’est arbitraire, c’est sûr. On aurait pu faire pression pour le Yémen, où la situation [des demandeurs d’asile à travers la réunification familiale] est désespérante. Mais c’est sûr qu’ici au Québec il y a un intérêt particulier pour Haïti », a-t-elle poursuivi.

Marjorie Villefranche aimerait cette fois que les délais de traitement soient « réellement accélérés » et qu’ils ne durent pas des années. « Oui, le ministère de l’Immigration avait accéléré le processus, mais ç’a pris trois ans pour traiter les demandes, au lieu de six ans », se moque-t-elle.

Pas de traitement spécial

 

Au ministère canadien de l’Immigration, on répond qu’il n’y a pas de « mesures spéciales » en place pour les Haïtiens, mais que seront considérées au « cas pas cas », pour un traitement accéléré, « les demandes de gens disant avoir été affectés de façon personnelle et significative par l’ouragan Matthew ». Immigration Canada reconnaît toutefois que les demandes de réunification familiale pour faire venir un ou une conjoint(e) dépassent, depuis plusieurs années, le quota prévu dans son plan d’immigration, ce qui a créé des retards. Dans le budget 2016, un montant de 25 millions de dollars est d’ailleurs prévu pour accélérer le traitement dans la catégorie « réunification familiale » et le quota devrait être augmenté.

Au cabinet de la ministre de l’Immigration du Québec, Kathleen Weil, on dit être en discussion avec le fédéral pour que les dossiers de regroupement familial destinés au Québec soient traités en priorité. À la question « est-ce qu’il y aura un programme spécial humanitaire permettant aux frères et soeurs et aux enfants majeurs de profiter de cette réunification ? », la réponse du cabinet est plutôt évasive. « Le MIDI mène des analyses et suit la situation de près afin de proposer les solutions appropriées. »

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