Haro à la détention des enfants en instance d’expulsion

Des défenseurs des droits de l’enfant de partout au pays lancent un appel au gouvernement Trudeau pour qu’il mette fin à la détention des mineurs dont les parents ont un statut d’immigration précaire. Seuls ou en groupe, ces avocats et professionnels de la santé et de la santé mentale ont signé et rendu publique mardi une déclaration exhortant les libéraux fédéraux à tenir compte de l’intérêt de l’enfant lorsque leurs parents sont détenus pour des questions d’immigration.
« On ne peut pas, comme société, tolérer que des enfants soient emprisonnés, car il s’agit bel et bien de prison, tout simplement parce que l’enfant n’a pas de statut ou de citoyenneté parce que ses parents ont décidé de traverser une frontière », a déclaré au Devoir Janet Cleveland, psychologue, juriste et chercheuse à l’Institut universitaire au regard des communautés culturelles.
Selon elle, la conjoncture était plus qu’appropriée pour accentuer la pression et lancer cette déclaration, entreprise à Toronto et entérinée par des groupes comme le Collège des médecins de famille du Canada, l’Ordre des travailleurs sociaux du Québec et l’Association du Barreau canadien. Les Nations unies mènent actuellement une campagne contre la détention des enfants partout dans le monde, et le nouveau gouvernement libéral a annoncé sa volonté d’adoucir certaines politiques en matière de détention notamment pour les familles immigrantes ou sans papiers.
Pour Janet Cleveland, il faudrait carrément prohiber la détention et plutôt privilégier une libération sous caution, dans le cas d’un immigrant sans statut. « Ce ne sont pas des criminels », hormis pour une infime majorité de moins de 5 %, estime-t-elle. Mais déjà, empêcher que les enfants soient tenus à l’écart de leurs parents ou détenus avec eux est une première bataille à gagner, croit la psychologue. Des recherches menées dans les centres canadiens de détention de l’immigration démontreraient tout l’effet négatif qu’ont les détentions sur l’enfant. « Les enfants détenus souffrent de détresse extrême, de peur, et d’une détérioration de leur fonctionnement cognitif, physique et émotionnel, à la fois durant la détention et longtemps après la fin de la détention, y compris d’anxiété, de mutisme sélectif et de symptômes de stress post-traumatique », lit-on dans la déclaration.