L’arme du tueur plus accessible qu’il y a dix ans

Le fusil semi-automatique d’aspect militaire dont s’est servi Kimveer Gill le 13 septembre 2006 au Collège Dawson est toujours légal dix ans plus tard, malgré les efforts de plusieurs groupes. Et depuis, une version légèrement modifiée de ce fusil a été mise en vente au Canada, ce qui le rend encore plus accessible.
L’arme principale de Kimveer Gill, le Beretta CX4 Storm — qui lui a servi à tirer 72 balles au Collège Dawson —, était classée dans la catégorie « restreinte » à ce moment, ce qui nécessitait un permis spécial de possession, un permis de transport d’arme et qui obligeait son détenteur à être membre d’un club de tir, le seul endroit où il pouvait se servir de ce fusil.
Le modèle CX4 Storm est maintenant disponible en version « non restreinte ». Seul un permis ordinaire est exigé pour se le procurer. Pour que le fusil puisse entrer dans la catégorie « non restreinte », le manufacturier a augmenté légèrement la longueur du canon (de 40 cm à 48 cm). En deçà de 47 cm, ce type de fusil est classé dans la catégorie « restreinte ».
Cette différence de trois pouces ne changerait absolument rien quant à la puissance de l’arme ou à sa précision, selon Tony Bernardo, directeur de l’Association des sports de tir au Canada, contacté au sujet du modèle CX4 Storm de Beretta. D’après cet expert des armes à feu, le modèle non restreint est vendu depuis quatre ou cinq ans.
Versions adaptées
L’expert en armes à feu et en balistique Alan Voth explique que les fabricants d’armes étudient les lois de chaque pays et créent une version adaptée à la législation de chacun des marchés, ce qui leur donne plus d’occasions de vente. Car une arme non restreinte se vend plus facilement.

Kimveer Gill a abattu une jeune femme de 18 ans, Anastasia De Sousa, et blessé 16 personnes au Collège Dawson le 13 septembre 2006. Il s’est donné la mort sur place. Ces décès ont mené à deux rapports du coroner en 2008, qui recommandait notamment de prohiber les armes semi-automatiques et aussi toutes celles dont le chargeur se trouve derrière la détente. « C’est un fusil plus léger, plus facile à manoeuvrer, mais qui est quand même très précis, et qui ne devrait pas être accessible aux civils », avait précisé en point de presse le coroner Jacques Ramsay au moment du dévoilement de son rapport.
Guy Morin, vice-président du collectif Tous contre un registre québécois des armes à feu, croit de son côté qu’il n’y a pas de problème avec les armes semi-automatiques au Canada : les fusillades sont rares, dit-il, et les meurtres sont le fait de criminels qui acquièrent des armes illégales. Ou encore de gens atteints de troubles mentaux.