Ottawa se dit conscient des dangers sur la route

Prévenu que la légalisation du cannabis pourrait faire bondir considérablement le nombre de cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue, le fédéral promet de serrer la vis rapidement — voire avant même le dépôt du projet de loi prévu au printemps 2017.
La ministre de la Justice du Canada, Jody Wilson-Raybould, a été avertie du risque par ses fonctionnaires en janvier dernier, montrent des documents classés secrets obtenus par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
« La légalisation de la marijuana pourrait entraîner une augmentation significative des cas de conduite avec facultés affaiblies par la drogue », est-il écrit dans un mémorandum destiné à la ministre.
Les statistiques sur le phénomène sont peu nombreuses, relèvent les fonctionnaires, qui expliquent avoir basé leur constat sur des « données limitées » en provenance des États de Washington et du Colorado, qui ont légalisé la substance dans les dernières années.
Le cas du Colorado
« Sur les routes du Colorado, par exemple, dans l’année qui a suivi la légalisation de la marijuana, il y a eu une augmentation de 32 pour cent de la mortalité liée à la conduite sous l’influence de marijuana », indiquent les juristes du ministère.
Le secrétaire parlementaire de la ministre de la Justice Bill Blair, qui pilote le dossier, souligne en entrevue que le problème « est déjà sérieux au Canada » et qu’« il est possible qu’il y ait une hausse de ces cas dans un régime où la marijuana récréationnelle est légale ».
« C’est la raison pour laquelle il faut faire le travail en amont pour éduquer les Canadiens et offrir aux corps policiers et au système de justice les outils nécessaires pour contrôler ce comportement illégal sur nos routes », signale M. Blair.
Le gouvernement de Justin Trudeau compte déposer un projet de loi sur la légalisation du cannabis au printemps 2017. Cet horizon est beaucoup trop rapproché aux yeux de l’opposition, qui invite les libéraux à mettre la pédale douce plutôt que d’exposer la population à des risques.