Le psychiatre de la Couronne croit que l’accusé a feint la maladie mentale

Le psychiatre appelé à la barre par la Couronne au procès de Richard Henry Bain a conclu que selon toute vraisemblance, l’accusé ne souffrait pas de troubles bipolaires, de dépression ou de psychose le soir de l’attentat au Métropolis.
Dans son rapport d’évaluation psychologique, déposé en preuve mercredi, le docteur Joel Watts concluait « avec une certitude médicale raisonnable » que M. Bain était tout à fait capable de juger de la nature de ses gestes, et qu’il était conscient de commettre un acte répréhensible ce jour-là.
Appelé à la barre par la Couronne mercredi, le docteur Watts a par ailleurs indiqué aux jurés que M. Bain insistait beaucoup sur ses symptômes pendant leurs entretiens, précisément comme le ferait quelqu’un qui veut simuler ou exagérer sa maladie.
L’accusé lui aurait ainsi raconté spontanément comment ses antidépresseurs Cymbalta lui donnaient de l’énergie, et il laissait entendre que c’est dans cet état qu’il se trouvait le soir du 4 septembre 2012, au Métropolis. Lors d’un entretien en 2015, l’accusé aurait aussi expliqué au docteur Watts comment le Cymbalta fait perdre la mémoire et altère la capacité de fonctionner normalement.
Selon le psychiatre, il s’agit là de l’attitude typique de celui qui veut appuyer lourdement sur ses symptômes.
Deux versions
Le docteur Watts témoigne pour la Couronne tout juste après la psychiatre Marie-Frédérique Allard, qui avait rencontré l’accusé après son arrestation, en 2012, à la demande de la défense. La docteure Allard, interrogée depuis la semaine dernière au procès, a soutenu que Richard Bain souffrait de troubles bipolaires lorsqu’elle l’a rencontré. Elle estime aussi qu’au soir de l’attentat meurtrier au Métropolis, M. Bain était vraisemblablement en état de crise psychotique, peut-être causée par une surdose de Cymbalta. La psychiatre soutient que l’accusé se croyait véritablement investi d’une mission divine ce soir-là.
Le docteur Watts, qui a rencontré M. Bain tout près de 10 heures au cours de plusieurs entretiens échelonnés dans le temps en 2015, contredit cette évaluation. L’accusé lui aurait notamment fait part de sa haine profonde des « séparatistes québécois », a indiqué le psychiatre mercredi.
La Couronne plaide en effet que M. Bain était sain d’esprit et qu’il était plutôt animé d’une rage fanatique envers les souverainistes québécois.