Finis les frôlements à vélo…

La modification apportée au Code de la sécurité routière introduit le principe d’une « distance raisonnable » pour tout dépassement et prévoit une amende plus salée pour les cas d’emportiérage.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir La modification apportée au Code de la sécurité routière introduit le principe d’une « distance raisonnable » pour tout dépassement et prévoit une amende plus salée pour les cas d’emportiérage.

Les cyclistes rouleront plus tranquilles dès cet été. Le ministre des Transports a prévu deux mesures pour accroître leur sécurité, dans un projet de loi déposé jeudi devant l’Assemblée nationale.

La modification apportée au Code de la sécurité routière introduit le principe d’une « distance raisonnable » pour tout dépassement et prévoit une amende plus salée pour les cas d’emportiérage. Une personne dans une voiture à l’arrêt ouvrant intempestivement sa portière dans la trajectoire d’un cycliste fera maintenant face à une contravention allant de 200 $ à 300 $, au lieu de 30 $ à 60 $ actuellement. Les automobilistes ne pourront désormais plus dépasser une bicyclette dans la même voie de circulation ; ils devront ralentir et respecter un corridor de sécurité d’environ 1 mètre sur les routes où la vitesse maximale est de 50 km/h ou moins et de 1,5 mètre sur les autres.

Le rehaussement des amendes pour l’emportiérage apparaît suffisant pour avoir « un effet dissuasif », aux yeux de Suzanne Lareau, la présidente de Vélo Québec. En décembre dernier, Le Devoir révélait que l’emportiérage est le lot d’au moins trois cyclistes par semaine, selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), qui ne compile que la fraction rapportée de ces infractions. « C’est exactement ce qu’on voulait, on est très content », s’est-elle réjouie.

Même son de cloche chez Pierre Rogué, porte-parole de la campagne « Une porte, une vie » : « On reprend presque mot pour mot nos recommandations et plusieurs éléments sont pris en compte en quelques phrases. » Il accueille très favorablement l’imposition du principe général de distance raisonnable, les précisions exactes (1 mètre et 1,5 mètre) étant à titre indicatif. « Personne ne peut démontrer hors de tout doute, devant un tribunal, la distance de dépassement et on devra tenir compte des circonstances », explique M. Rogué.

Cette disposition signifie-t-elle que les vélos pourront occuper les petites rues ? « Dans des rues pas très larges, où il n’y a pas d’espace pour doubler, l’automobiliste doit attendre. À la prochaine intersection, il pourra continuer. C’est aussi ça, le partage de la route », rassure Mme Lareau.

Dans les deux cas, il faudra informer et sensibiliser la population au sujet de ces modifications, avertissent les deux défenseurs des cyclistes. Le mot « emportiérage » semble déjà en voie de passer dans le langage courant, observe M. Rogué, qui l’a martelé depuis quelques années. Il indique aussi que le ministère des Transports du Québec élabore actuellement un pictogramme fortement inspiré du logo de sa campagne « Une porte, une vie ».

Rappelons qu’une refonte plus en profondeur du Code de la sécurité routière est en cours depuis 2014 et devrait être déposée l’automne prochain.

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