Deux édifices patrimoniaux sont menacés

L’édifice Rodier, de forme triangulaire et situé au 932, rue Notre-Dame ouest, a été construit en 1875. La Ville de Montréal en a fait l’acquisition en 2010.
 
Photo: Jacques Grenier Archives Le Devoir L’édifice Rodier, de forme triangulaire et situé au 932, rue Notre-Dame ouest, a été construit en 1875. La Ville de Montréal en a fait l’acquisition en 2010.
 

La New City Gas et l’édifice Rodier, deux immeubles patrimoniaux situés dans l’arrondissement du Sud-Ouest, sont menacés d’expropriation en raison de la construction du futur train électrique de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Québec a récemment imposé des réserves foncières sur 70 terrains le long du tracé du Réseau électrique métropolitain (REM), qui s’étendra de Brossard jusqu’à Sainte-Anne-de-Bellevue, en passant par l’aéroport Montréal-Trudeau.

Propriétaire de la New City Gas, un immeuble construit en 1859 à l’angle des rues Ottawa et Dalhousie, Harvey Lev a reçu par huissier une lettre du ministère des Transports du Québec (MTQ) lui signifiant que des parties de lots lui appartenant étaient visées par une mise en réserve pour deux ans en vertu de la Loi sur l’expropriation. « Je n’ai pas le choix. Je suis habitué maintenant », a indiqué Harvey Lev. Pendant six ans, sa propriété a fait l’objet d’une réserve foncière de la part de la Ville de Montréal lorsqu’un corridor d’autobus sur la rue Dalhousie et la création d’un parc ont été envisagés.

Démolition ?

M. Lev indique avoir tenté d’obtenir davantage de précisions sur les intentions de Québec, mais en vain. Il ignore donc s’il y aura démolition ou non de l’immeuble ou si son terrain sera simplement utilisé comme zone de travail pendant le chantier du REM.

Quoi qu’il arrive, M. Lev ne pourra, pendant deux ans, apporter des modifications à l’immeuble. « J’ai le droit de récolter mes loyers, payer mes taxes et réparer le toit si ça coule, mais rien d’autre », explique-t-il. Selon lui, le REM aurait dû passer au centre des voies du futur boulevard urbain Robert-Bourassa, qui remplacera l’autoroute Bonaventure.

Quant à l’édifice Rodier, de forme triangulaire et situé au 932, rue Notre-Dame Ouest, il a été construit en 1875. La Ville de Montréal en a fait l’acquisition en 2010.

Le MTQ souligne que les 70 lots visés par les réserves appartiennent à 45 propriétaires et qu’environ 10 % d’entre eux sont destinés à servir de lieux temporaires de travail pour le chantier du futur train. « Le tracé n’est pas encore finalisé. Donc, tout peut changer à ce stade-ci », a expliqué Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ.

« On a fait une réserve pour éviter la spéculation, les améliorations sur les bâtisses existantes ou la construction sur les terrains qui pourraient augmenter leur valeur. La réserve est de deux ans — renouvelable — et ça va laisser le temps à CDPQ Infra de poursuivre ses études pour mieux déterminer les terrains qui pourraient être visés par les acquisitions. »

Du côté de CDPQ Infra, on indique examiner tous les scénarios. « On veut éviter de toucher aux façades de ces immeubles parce qu’on est sensibles au fait que ce sont des édifices patrimoniaux, a précisé Jean-Vincent Lacroix, directeur des relations médias chez CDPQ Infra. Si on touche aux immeubles, ce serait restreint. »

À la sortie du pont Champlain, le train roulera en tunnel sous le bassin Peel et reviendra en surface pour rejoindre les rails existants qui, dans Griffintown, mènent à la Gare centrale. Les concepteurs du projet de train devront donc déterminer le meilleur endroit pour faire émerger le train.

Jean-Vincent Lacroix soutient qu’il serait impossible de faire rouler le train entre les voies du futur boulevard Robert-Bourassa pour ensuite le connecter aux rails aériens.

Directeur des politiques chez Héritage Montréal, Dinu Bumbaru s’inquiète du sort des deux immeubles « emblématiques ». Le REM est un projet intéressant, mais il faudra le concevoir en tenant compte de son intégration urbaine, dit-il.

Le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais, s’est aussi dit préoccupé par la menace qui pèse sur les deux immeubles.

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