Rosemont ouvre la voie au «Airbnb du stationnement»

Une église qui loue son stationnement en période de déneigement, ou des résidants voisins d’un hôpital qui font de même avec les patients et les employés de l’établissement. Un propriétaire qui propose un coin de garage ou de sous-sol pour de l’entreposage. Rosemont–La Petite-Patrie s’apprête à moderniser sa réglementation pour encourager l’économie « collaborative ». Inspiré par Airbnb, qui offre la location d’appartements à des fins touristiques, l’arrondissement compte encadrer la location de stationnements, de lieux d’entreposage et de terrains cultivables entre particuliers.
« Ces pratiques sont déjà répandues, mais nous voulons les encadrer pour mieux les permettre », dit le conseiller Guillaume Lavoie, qui a préparé la réglementation.
Rosemont devient le premier arrondissement montréalais — et probablement l’une des premières entités municipales au Québec — à adapter sa réglementation aux nouvelles technologies qui multiplient les échanges commerciaux entre particuliers. L’idée est notamment d’encourager le développement de petites entreprises locales qui conçoivent des modèles d’affaire du type Airbnb, explique Guillaume Lavoie.
Un partage payant
Le public y trouve son compte en ayant accès à davantage d’espaces de stationnement, les particuliers gagnent un revenu d’appoint en offrant un service et les gouvernements tirent des revenus d’impôts de ces activités tout à fait légales, souligne le conseiller municipal de Projet Montréal.
Par exemple, autour de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont ou de l’Institut de cardiologie de Montréal, où les places de stationnement sont rares et recherchées, des particuliers louent déjà leur entrée de cour à la journée. Des centaines de places supplémentaires restent pourtant inutilisées durant la journée, quand les résidants du quartier sortent pour aller travailler.
Guillaume Lavoie imagine déjà des églises ou des entreprises offrir leur stationnement durant les périodes de déneigement, qui deviennent un casse-tête pour les automobilistes des quartiers centraux de Montréal. Durant la nuit, ces vastes stationnements — dont auraient bien besoin les automobilistes qui ne peuvent garer leur voiture dans la rue — rendraient un service indéniable aux résidants, souligne Guillaume Lavoie. Ces paroisses en retireraient en échange des revenus appréciables.
La nouvelle réglementation de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie compte aussi encourager la location d’espaces d’entreposage (dans les sous-sols, les garages et les cabanons, notamment) et de terrains résidentiels à cultiver.
Entreprises à l’affût
Des applications étrangères comme Just Park et Parking Panda permettent déjà de tels échanges de places de stationnement entre particuliers, tant à Montréal que dans d’autres villes du Canada. C’est aussi le cas de Prkair, une nouvelle application de l’entreprise montréalaise We_Are, lancée à l’automne et comptant déjà de 1500 à 2000 usagers réguliers dans la métropole, selon le président Robert Gosselin.
Contrairement au service de raccompagnement Uber, qui rivalise avec les taxis, et Airbnb, qui empiète sur les plates-bandes des établissements hôteliers, l’utilisation de tels services de stationnement demeure toujours très limitée, au sein de la population. « Notre application a intérêt à être plus connue et plus téléchargée », souligne d’ailleurs M. Gosselin.
En ce sens, la proposition du conseiller Lavoie s’annonce prometteuse pour Prkair.
Déjà légal
« Selon nos vérifications, rien dans les lois ou la réglementation montréalaise ne nous empêche de mener nos activités, mais c’est tant mieux si le projet de l’arrondissement Rosemont peut permettre de clarifier l’économie du partage, qui n’a pas toujours bonne presse », soutient le chef d’entreprise, en allusion à Uber.
Pour éviter les nuisances, la nouvelle réglementation de Rosemont encadrera de façon stricte la location de stationnement, d’espaces d’entreposage et de terrains à cultiver, explique Guillaume Lavoie. Par exemple, seuls les espaces en façade — et déjà existants — pourront faire l’objet d’une location.