Blocus contre Uber à l’aéroport Trudeau

Les chauffeurs de taxi et de limousine de Montréal ont tenu parole mercredi en organisant à l’aéroport Montréal-Trudeau un blocus contre le transport parallèle effectué par Uber.
Plusieurs dizaines de chauffeurs de taxi ont investi les lieux, créant une importante congestion et perturbant complètement le transport des passagers qui venaient d’atterrir. La manifestation a pris fin en milieu d’avant-midi.
Le porte-parole du regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM), Benoît Jugand, s’est félicité du caractère ordonné de la manifestation. « Les gens s’attendaient à ce qu’il y ait des mouvements, qu’on commette des actes criminels. Les chauffeurs de taxi, les pères et les mères de famille, sont des gens respectueux des lois et de l’État. […] On espère que le premier ministre va saisir le message qu’on envoie aujourd’hui parce que sinon, ça va continuer et ça va être plus gros chaque fois », a -t-il promis.
Le choix de l’aéroport s’explique par le fait que, d’après le RTAM, l’autopartage y est admis, en dépit d’un contrat d’une valeur de 2,5 millions de dollars liant Aéroports de Montréal à l’industrie du taxi.
Par communiqué, Aéroports de Montréal a toutefois nié cette affirmation, disant avoir rencontré les représentants d’Uber et précisant que l’application Uber « n’est pas disponible dans l’aérogare Montréal-Trudeau ».
Le syndicat des Métallos, qui représente bon nombre des chauffeurs de taxi, a enjoint au premier ministre Philippe Couillard de demander à Uber de cesser ses activités durant toute la durée de la commission parlementaire sur l’industrie du taxi annoncée la semaine dernière. Si Uber suspend ses activités, le syndicat se dit prêt à cesser ses moyens de pression.
Coderre demande une trêve
Le maire de Montréal, Denis Coderre, a fait écho à cet appel lors de la réunion hebdomadaire du comité exécutif à l’hôtel de ville. « Ça prend une trêve pendant les travaux de la commission parlementaire et du côté de l’industrie du taxi et que, pendant toute cette période-là, UberX cesse ses activités, a déclaré le maire. On ne veut pas de dérapages, on ne veut pas que le pire puisse arriver. C’est très émotif et je pense qu’on peut, de façon très sereine, discuter », a-t-il fait valoir.
À Québec, pendant ce temps, le ministre des Transports, Jacques Daoust, a clairement réaffirmé qu’on ne pouvait tolérer les activités d’Uber dans sa forme actuelle. « L’application UberX comme on la connaît dans le moment est illégale. Mais moi, je ne veux pas simplement une trêve. Quelque chose qui est illégal, il faut que ça arrête tout le temps », a-t-il déclaré avant la période de questions mercredi matin à l’Assemblée nationale.
Malgré tout, l’ouverture demeure puisque le ministre Daoust a précisé que l’application Uber « est capable d’être utilisée de façon légale […] La façon légale, c’est en obtenant des permis de taxi, en prélevant les taxes et les impôts », a-t-il dit.
Uber réagit
Le porte-parole d’Uber Canada, Jean-Christophe de Le Rue, a réagi par communiqué, déplorant la demande du maire Coderre de suspendre les activités de l’entreprise.
« Il est dommage de voir qu’encore une fois le maire Coderre veut protéger les intérêts du monopole de l’industrie du taxi et refuse d’écouter la volonté des Montréalais qui ont clairement indiqué leur désir d’avoir des options alternatives de transport sécuritaires, fiables et abordables », écrit M. De Le Rue.
Le porte-parole a par ailleurs salué l’initiative du ministre Daoust de créer une commission parlementaire, sans toutefois dire un mot sur les propos du ministre quant à l’illégalité des activités d’Uber dans leur forme actuelle.