Bill Cosby formellement accusé d’avoir agressé une femme il y a 12 ans

Bill Cosby a été accusé mercredi d’avoir agressé sexuellement une femme à sa résidence il y a 12 ans. Ce sont les premières accusations criminelles à être déposées contre le comédien à la suite du torrent d’allégations qui a détruit son image de « père idéal de l’Amérique ».

Cette nouvelle ouvre la voie à ce qui promet d’être le plus important procès d’une célébrité de Hollywood de l’histoire récente et qui pourrait envoyer l’homme de 78 ans derrière les barreaux au crépuscule de sa vie tout en achevant d’anéantir sa carrière. Ce chef d’accusation peut en effet valoir à l’acteur, en cas de condamnation, jusqu’à dix ans d’emprisonnement.

La femme au centre de cette histoire est Andrea Constand, une massothérapeute originaire de Toronto qui était une employée de l’Université Temple, en Pennsylvanie, au moment de l’agression présumée, en 2004. Aucune accusation n’avait été déposée à l’époque.

Les procureurs ont reproché au comédien d’avoir gavé Mme Constand de pilules et de vin afin de l’empêcher de résister à ses avances, puis de l’avoir pénétrée avec ses doigts sans son consentement alors qu’elle était inconsciente ou incapable de comprendre ce qui se passait.

Bill Cosby n’a pas fait de commentaire mercredi en se rendant à la cour pour être formellement accusé d’attentat à la pudeur, une accusation passible d’une peine de prison de cinq à dix ans et d’une amende de 25 000 $US.

Il n’a pas eu à livrer son plaidoyer et a été libéré moyennant une caution de 1 million$US en attendant la prochaine audience le 14 janvier.

Guidé par ses avocats, M. Cosby a marché lentement dans la salle d’audience en utilisant sa canne, arborant un chandail gris en tweed. Il semblait plutôt à l’aise alors qu’il discutait et rigolait avec ses avocats. Lorsque le juge lui a souhaité bonne chance, il a répondu bruyamment : « Merci ! »

La vedette du petit écran avait déjà admis sous serment, il y a une décennie, avoir eu un contact sexuel avec Mme Constand, mais avait assuré qu’il avait été consensuel.

Les accusations déposées mercredi ont été annoncées quelques jours avant que le délai de prescription de 12 ans n’arrive à échéance.

Il s’agit d’une volte-face pour le bureau du procureur de district du comté de Montgomery, qui avait refusé d’accuser M. Cosby en 2005 lorsque la présumée victime avait porté plainte auprès de la police, soutenant que l’acteur l’avait agressée en mettant ses mains dans son pantalon alors qu’ils se trouvaient dans sa luxueuse demeure en banlieue de Philadelphie.

À l’époque, la jeune femme était employée par l’équipe féminine de basketball de l’Université Temple, dont Bill Cosby était un fier diplômé et membre du conseil d’administration. Elle avait accepté de rencontrer le comédien chez lui en janvier 2004 afin qu’il la conseille au sujet de sa carrière.

Les procureurs ont repris le dossier l’été dernier, après que le témoignage de M. Cosby dans le cadre de la poursuite au civil intentée contre lui par Andrea Constand eut été divulgué et qu’une cinquantaine de femmes eurent formulé publiquement des accusations similaires ayant tourné en dérision la réputation d’homme sage et empathique de l’interprète du docteur Cliff Huxtable dans The Cosby Show.

Mme Constand, qui est maintenant âgée de 42 ans et est retournée vivre dans son Canada natal, est prête à affronter Bill Cosby devant le tribunal, avait déclaré son avocate, Dolores Troiani, à l’automne.

Dans un communiqué, Me Troiani a affirmé que sa cliente était satisfaite des accusations déposées contre M. Cosby. « Naturellement, il est troublant que cela ait pris jusqu’à la dernière minute pour que ce jour arrive. Elle a espoir que sa patience ait encouragé d’autres victimes à dénoncer », a-t-elle ajouté.

Ces accusations s’ajoutent aux démêlés judiciaires du comédien, qui doit faire face à des poursuites de diffamation et d’agression sexuelle déposées au Massachusetts, à Los Angeles et en Pennsylvanie.

L’une des questions clés sera de savoir si le juge acceptera d’entendre les témoignages d’autres victimes présumées même si le délai de prescription est dépassé dans leur cas. Le juge pourrait statuer que d’entendre ces personnes serait injuste.

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