Plus de 10 000 femmes refusées dans les maisons d’hébergement

Un « déjeuner des hommes pour l’élimination des violences envers les femmes » a eu lieu vendredi à Montréal. Il s’agit d’un événement unique, au cours duquel une trentaine d’hommes ont pris la parole.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Un « déjeuner des hommes pour l’élimination des violences envers les femmes » a eu lieu vendredi à Montréal. Il s’agit d’un événement unique, au cours duquel une trentaine d’hommes ont pris la parole.

Plus de 10 000 femmes ont été refusées dans une maison d’hébergement en 2014-2015, faute de place.

Et cette statistique est sans doute beaucoup trop conservatrice, puisqu’elle provient de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, qui représente 34 des 109 maisons du Québec. La réalité pourrait donc être le triple, souligne-t-on à la fédération.

Cette statistique étonnante a été relevée vendredi à l’occasion d’un « déjeuner des hommes pour l’élimination des violences envers les femmes » à Montréal. Il s’agissait d’un événement unique, au cours duquel une trentaine d’hommes — et des hommes seulement — ont pris la parole au sujet de la violence contre les femmes. Parmi eux, on retrouvait un juge retraité de la Cour supérieure, des joueurs de football, des dirigeants syndicaux, des hommes politiques, des jeunes et des moins jeunes.

Présent à la rencontre, le chef régional de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, a rappelé la violence dont sont victimes les femmes autochtones. « En ce qui concerne nos sociétés à nous, c’est sans doute vécu en double et en triple, parce qu’il y a la question d’origine qui fait en sorte que lorsqu’on met le pied en dehors de la communauté, nos femmes sont encore plus vulnérables. À l’intérieur des communautés aussi, il y a effectivement de la violence qui est vécue par nos femmes aussi. Ce n’est pas pour rien que l’Assemblée nationale a institué une commission à ces fins-là », a-t-il souligné.

« En même temps, il est important que nous prenions acte, comme hommes autochtones, de cette réalité-là, et qu’on se donne la main pour essayer de renverser la vapeur et de changer les choses », a ajouté M. Picard.

Les participants ont souligné l’importance pour les hommes de se responsabiliser en la matière, de mieux éduquer les garçons, de s’en parler entre collègues et de ne pas tolérer le langage agressif ou disgracieux envers les femmes.

Le président de la CSN, Jacques Létourneau, aussi a tenu à participer à cette rencontre d’hommes sur la violence contre les femmes. « Ma première motivation, c’est d’envoyer un signal quant à l’importance de la communication et de lever le voile, dans le milieu de travail, dans notre quotidien, dans notre famille : les hommes, on est tous confrontés de près ou de loin au phénomène de la violence qui est faite aux femmes. Il y a l’importance de parler et d’éduquer par la communication auprès des enfants et auprès des autres hommes, même », a plaidé le dirigeant syndical.

Plusieurs hommes qui ont pris la parole ont noté des reculs en matière de sexualisation dans les médias et la publicité. Plusieurs ont aussi soulevé une forme de banalisation de la violence dans le système judiciaire et dans la société en général.

 

Mais la directrice générale de la fédération qui regroupe ces maisons d’hébergement, Manon Monastesse, s’est dite réconfortée par l’espoir qui naît d’entendre de tels discours de la part des hommes. « Il y a quand même un recul quant à la banalisation de toutes les formes de violence que l’on voit dans la société. Il y a un recul qui est fort inquiétant. Mais je suis extrêmement émue d’avoir des hommes qui ont vraiment eu un discours fort éloquent et pas dans la déresponsabilisation », a-t-elle insisté en entrevue après la rencontre.

Le cadavre d’une autochtone est retrouvé cinq ans après sa disparition

Saskatoon — Un homme a été arrêté cette semaine relativement à la mort d’une autochtone disparue en 2010, et dont les restes ont été découverts plus tôt ce mois-ci près de Saskatoon.

Selon la police, Karina Beth Ann Wolfe, âgée de 20 ans, avait été vue pour la dernière fois par sa mère alors qu’elle montait dans la voiture d’un homme, en juillet 2010.

Grâce à des informations, la police a retrouvé les restes de Mme Wolfe le 14 novembre dernier dans un secteur rural au nord-ouest de Saskatoon.

Les policiers ont ensuite arrêté, cette semaine, un homme de 33 ans, qui doit comparaître lundi prochain en Cour provinciale à Saskatoon.

La famille de la jeune femme a tenu chaque année, depuis sa disparition, des veilles pour sensibiliser la population au drame des femmes autochtones disparues ou assassinées.


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