Des bulles et des sites industriels inscrits au patrimoine mondial

De la Champagne à Alamo, en passant par une poignée de sites industriels japonais, le comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a procédé cette fin de semaine à plusieurs nouvelles inscriptions au patrimoine mondial de l’Humanité. Non sans froisser la Chine et la Corée du Sud, qui s’étaient fermement opposées à l’inscription de cet ensemble industriel controversé.

Répartis sur onze sites, les 23 lieux offrent un échantillon des avancées industrielles extrêmement rapides du Japon sous l’empereur Meiji (1868-1910), dont le règne a coïncidé avec l’ouverture du pays.

Certaines des installations sont encore partiellement en activité, telles que les grues en porte à faux des chantiers navals de Mitsubishi Heavy Industries (MHI) à Nagasaki (sud). La liste comprend également la mine de charbon d’Hashima, sur une île au large de Nagasaki, les chantiers navals Mietsu dans la même région, ainsi que d’anciennes usines sidérurgiques.

La décision sur les sites japonais était au coeur d’une querelle diplomatique, la Corée du Sud et la Chine soulignant que sept des endroits proposés ont été des lieux de déportation et de travaux forcés pour leurs ressortissants pendant l’occupation japonaise (1910-1945 pour la Corée, 1932-1945 pour la Chine).

L’agence officielle Chine nouvelle avait d’ailleurs qualifié la demande d’inscription au patrimoine mondial d’« opération de blanchiment » de l’Histoire, alors que le Japon faisait valoir que sa requête portait sur une période antérieure.

Riche histoire

 

L’UNESCO a par ailleurs annoncé avoir retenu la candidature des Missions de San Antonio au Texas, dont le célèbre site d’Alamo. Cinq « missions », avant-postes fondés par des missionnaires franciscains au XVIIIe siècle de part et d’autre de la rivière San Antonio au sud du Texas, et un ranch un peu plus au sud composent le site, a précisé l’UNESCO dans un communiqué.

Ces missions « illustrent les efforts déployés par la couronne espagnole pour coloniser, évangéliser et défendre la frontière nord de la Nouvelle-Espagne », a expliqué l’organisation. Elles sont aussi, selon l’UNESCO, « un exemple de l’imbrication des cultures espagnole et coahuiltèque », du nom du peuple amérindien qui vivait dans la région au moment de l’arrivée des colons.

L’UNESCO a aussi inscrit dimanche le quartier des entrepôts et celui des comptoirs de commerce de la ville allemande de Hambourg, emblématiques de l’essor du commerce international du tournant du siècle dernier.

Le site de la « Speicherstadt » — « la ville des entrepôts » en allemand — est un entrelacs de rues, de canaux et de ponts situé dans la ville portuaire, et bordé d’entrepôts en briques rouges, édifiés dans des styles néogothique et néoroman entre 1885 et 1927, essentiellement pour le stockage de café et d’épices. Juste à côté, le quartier du Kontorhaus (« comptoir »), dévolu aux transactions commerciales du port de Hambourg, et particulièrement le Chilehaus (« Maison du Chili »), a été édifié dans les années 1920 et 1930.

Ces deux ensembles ont « une valeur universelle exceptionnelle », a fait valoir l’UNESCO dans un communiqué, et « symbolisent de manière emblématique les conséquences de l’essor vertigineux du commerce international à la fin du XIXe et au début du XXe siècle ».

 

Tradition viticole honorée

 

Samedi, ce sont les traditions viticoles de la Champagne et de la Bourgogne qui avaient été reconnues par l’UNESCO. Les coteaux, maisons et caves de Champagne correspondent aux « lieux où fut développée la méthode d’élaboration des vins effervescents, grâce à la seconde fermentation en bouteille, depuis ses débuts au XVIIe siècle jusqu’à son industrialisation précoce au XIXe siècle », explique l’UNESCO.

Cette inscription concerne précisément trois sites : l’avenue de Champagne à Épernay, où sont alignées les prestigieuses maisons de négociants surplombant des kilomètres de caves où vieillissent des millions de bouteilles, la colline Saint-Nicaise à Reims, dont les sous-sols recèlent les immenses crayères antiques ou médiévales utilisées comme espace de vinification et de stockage. Et enfin, les coteaux historiques autour d’Épernay, notamment ceux du village d’Hautvillers qui domine la Marne et dont la célèbre abbaye abrita le moine Dom Pérignon qui, selon la légende, inventa la seconde fermentation propre au champagne.

Ce « paysage culturel », selon la catégorie attribuée dans le patrimoine de l’UNESCO, « est composé de deux éléments : le premier couvre des parcelles viticoles, les unités de production associées, des villages et la ville de Beaune ».

« La seconde composante est le centre historique de Dijon qui matérialise l’impulsion politique donnée à la formation du système des climats », poursuit l’UNESCO, évoquant un « exemple remarquable de production vitivinicole développé depuis le haut Moyen Âge ».

Cette région produit les vins parmi les plus prestigieux — et les plus chers — au monde, comme la Romanée-Conti, la Vosne-Romanée ou encore le Montrachet.

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