Jennifer Pawluck est reconnue coupable

Jennifer Pawluck
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Jennifer Pawluck

La militante anarchiste Jennifer Pawluck a été déclarée coupable de harcèlement criminel envers Ian Lafrenière, jeudi après-midi, pour avoir diffusé sur le réseau social Instagram la photo d’un graffiti montrant le commandant du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avec une balle dans le front.

« La juge a reconnu que Mme Pawluck ne s’est pas souciée que M. Lafrenière se soit senti harcelé », a expliqué la procureure de la Couronne, Me Josiane Laplante. C’est une chose de savoir qu’une personne a été ou s’est sentie harcelée, mais c’en est une autre de se soucier qu’elle se soit sentie harcelée, a précisé Me Laplante.

Les mots-clics qui accompagnaient la photo — le nom de Ian Lafrenière écrit de différentes façons, ainsi que des références telles que « Tous les flics sont des bâtards » et « Un flic, une balle » — ont eux aussi contribué à son accusation. « Ces mots-clics […] ont fait en sorte que le contexte établissait qu’il y avait harcèlement criminel », a indiqué Me Laplante en rapportant les propos de la juge.

Mme Pawluck risque une amende ou une sentence pouvant aller jusqu’à six mois d’emprisonnement. « Nous verrons quelle sentence nous suggérerons à la Cour », a indiqué Me Laplante.

Mme Pawluck a évité les médias, entourée de ses amis. La jeune femme reviendra devant le tribunal le 14 mai pour connaître sa peine.

Son avocate, Valérie De Guise, « a été frappée » qu’un « lien indirect » contribue au verdict de culpabilité de sa cliente. La juge a indiqué que « le contexte social » du printemps étudiant de 2012 rend raisonnables les craintes de M. Lafrenière face à la photo publiée en 2013.

Liberté d’expression

Durant le procès, la jeune femme a soutenu qu’elle n’avait pas l’intention de faire de menaces au commandant Lafrenière.

« C’est important que tous pensent à l’impact qu’ils ont sur les autres lorsqu’ils mettent quelque chose sur Internet », a mis en garde Me Laplante. La question de la liberté d’expression sur Internet n’a toutefois pas été abordée durant le procès.

Le professeur de droit de l’Université de Montréal Pierre Trudel « comprend que M. Lafrenière ait pu se sentir menacé », mais s’inquiète que de telles condamnations liées à la publication de contenus Web briment la liberté d’expression.

L’enseignant estime que les juges devraient prendre davantage en considération « que les codes de langage sur Internet sont différents » de ceux de la vie courante.

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