La ministre Vallée refuse d’étudier l’impact des mesures d’austérité sur les femmes

La ministre responsable de la Condition féminine, Stéphanie Vallée, a opposé une fin de non-recevoir aux organismes féministes et syndicaux regroupés au sein du Collectif 8 mars qui presse Québec de mesurer l’impact potentiel des mesures d’austérité sur la condition des femmes en général. Fidèle aux objectifs du déficit zéro, la ministre rétorque que les craintes évoquées par le collectif ne sont qu’une question de « perception ».

Au terme d’une rencontre tenue vendredi avant-midi au bureau de la ministre Vallée à Montréal, la porte-parole du Collectif 8 mars, Alexa Conradi, est ressortie furieuse et indignée de voir « qu’il n’y a personne au gouvernement qui défend la voix des femmes au gouvernement ».

Lors de cette rencontre annuelle, qui visait à mesurer l’impact de diverses orientations gouvernementales sur les femmes, la ministre Vallée aurait refusé de s’engager à mesurer l’effet des diverses mesures d’austérité mis en branle par son gouvernement pour endiguer son déficit.

« Dans les lois créant le ministère de la Condition féminine, la ministre est chargée de voir à l’égalité effective des femmes au Québec. Elle n’a même pas accepté de faire une étude qui permet d’analyser les impacts. Pour elle, la priorité, c’est l’équilibre budgétaire. »

Malgré l’étude publiée au début mars par l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), qui avance que les stratégies de sorties de crise ont creusé un fossé de 7 milliards de dollars entre les femmes et les hommes, et d’autres études parvenues aux mêmes conclusions en Europe, la ministre maintient qu’il s’agit là d’une « opinion ».« On ne peut pas faire les économies sur le dos des femmes du Québec. Tout ce que la ministre nous dit, c’est que les femmes ont à prendre leur place dans la relance », a déploré Mme Conradi.

La Coalition estime notamment que la modulation des services de garde frappera de plein fouet les femmes en tant que parents, mais affectera aussi les conditions de travail des éducatrices. Les réformes et compressions attendues dans le réseau de la santé et de l’éducation toucheront les femmes au premier chef, « à qui l’on demande de faire toujours plus, plus, plus et qu’on est en train de presser comme des citrons ».

Au cabinet de la ministre Vallée, on s’est inscrit en faux contre la déclaration du Collectif, affirmant « que cette rencontre se voulait constructive […] pour faire avancer la cause des femmes ». « Contrairement à ce que le Collectif affirme, la ministre travaille actuellement pour que le plan d’action pour l’égalité soit renouvelé », a fait savoir par courriel au Devoir Marjorie Théberge, directrice de cabinet de la ministre Vallée. « Le gouvernement fait des choix responsables pour préserver les acquis des femmes. »

Le Conseil du statut de la femme sur la sellette

À la suite de la démission fracassante d’un membre du Conseil du statut de la femme (CSF), l’organisme Pour le droit des femmes (PDF) a pressé vendredi la ministre Vallée de protéger la mission du CSF. Dans sa lettre de démission publiée dans Le Devoir, Julie Latour accusait l’actuelle présidente du CSF d’avoir failli à sa mission en muselant et en asphyxiant l’organisme de défense des droits des femmes. PDF revient à la charge en demandant à la ministre de préserver les moyens du Conseil et de voir à ce que la personne nommée en remplacement de Mme Latour ait tout le mordant attendu pour relever cette mission.


À voir en vidéo