L’Ontario dévoile son plan d’action pour lutter contre la violence sexuelle

La violence et le harcèlement sexuels sont « enracinés dans la misogynie », a déclaré vendredi la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, au moment où elle présentait un plan qui vise à modifier les comportements et remettre en question les normes sociales.
Ce plan disposera d’un financement de 41 millions de dollars sur trois ans. Il comprend notamment une nouvelle loi et une campagne de sensibilisation du public.
La campagne s’orchestre autour d’une publicité, qui montre un garçon en compagnie d’une fille ivre lors d’une fête, un homme qui caresse l’épaule de collègues féminines clairement inconfortables, un étudiant qui partage des photos de sa copine avec des amis et un homme qui glisse quelque chose dans le verre d’une femme dans un bar. Lors de chaque scène, ils regardent directement la caméra et remercient les téléspectateurs pour leur silence.
« Lorsque vous ne faites rien, ce sont eux que vous aidez, dit l’annonce. Mais quand vous faites quelque chose, ce sont elles que vous aidez. »
« Au fond, c’est un plan pour modifier les comportements et remettre en question les normes sociales, a expliqué Mme Wynne. La violence sexuelle est enracinée dans la misogynie, qui est profondément ancrée dans notre culture, souvent de manière subtile ou inconsciente. […] Ce sont des comportements acquis, ce qui signifie qu’ils peuvent être perdus, ou encore mieux jamais acquis. »
L’Ontario promet de renforcer les lois sur la sécurité au travail en exigeant des employeurs qu’ils enquêtent sur les casde harcèlement au travail, y compris le harcèlement sexuel.
Le plan compte une loi visant à éliminer la limite de deux ans pour déposer une plainte pour agression sexuelle et une amélioration du système de poursuites conçue pour répondre plus spécifiquement aux cas d’agressions sexuelles.
La violence sexuelle faite « aux femmes et aux filles » autochtones est aussi abordée. « Le gouvernement de l’Ontario […] interpelle le gouvernement fédéral pour qu’il apporte son soutien […] pour établir un registre public pour les femmes autochtones disparues ou tuées », peut-on y lire.
Ce plan fait rêver des féministes du Québec. Martine Delvaux, membre de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM, se dit « agréablement surprise » par « cette déclaration claire » de la première ministre contre la misogynie, rarement entendue de la part de dirigeants.
« On voit qu’elle comprend bien le dossier, car le plan fait un lien direct entre le sexisme généralisé et la violence sexuelleet le harcèlement », renchérit Mme Delvaux, qui aimerait bien voir un tel plan implanté au Québec.
Mme Wynne avait annoncé en décembre que son plan serait mis en oeuvre plus rapidement dans la foulée des témoignages de femmes qui ont allégué avoir été harcelées ou agressées sexuellement par l’ancien animateur de radio de la CBC Jian Ghomeshi.