Le policier qui a fait feu craignait pour la vie de son collègue

Alain Magloire, 41 ans, a perdu la vie le 3 février 2014 alors qu’il était en pleine détresse psychologique.
Photo: Source: Facebook Alain Magloire, 41 ans, a perdu la vie le 3 février 2014 alors qu’il était en pleine détresse psychologique.
Le policier du SPVM Mathieu Brassard a abattu Alain Magloire parce qu’il était persuadé que le sans-abri allait tuer son équipier avec un marteau.

M. Brassard a ouvert le feu à quatre reprises, le 3 février dernier, quand il a vu Alain Magloire brandir son marteau au-dessus de la tête de l’agent Pascal Joly, étendu au sol et vulnérable.

« J’ai fait feu le plus rapidement possible parce que c’était une question de vie ou de mort », a relaté Mathieu Brassard, jeudi, à l’enquête du coroner sur la mort de M. Magloire.

Quelques secondes plus tôt, le policier Denis Côté avait percuté Alain Magloire à basse vitesse. Cette « frappe de diversion » n’est pas enseignée à l’École nationale de police et elle n’a fait l’objet d’aucune conversation préalable entre les policiers.

Quoi qu’il en soit, la manœuvre spontanée de Denis Côté a permis de faire une courte diversion. Alain Magloire s’est retrouvé sur le capot, et l’agent Joly s’est précipité pour tenter de le maîtriser. Il a cependant raté son coup. M. Magloire s’est retrouvé debout au sol, tandis que l’agent Joly est tombé par terre.

« M. Magloire va tomber les deux pieds sur le sol, solidement. M. Joly est débalancé. Je vois sa tête descendre et je vois que M. Magloire reste toujours bien solide. Il y a une position de force établie dans le combat qui est très grande », a expliqué le policier Brassard. À ce moment précis, il a « une vision en tunnel ». Il voit M. Magloire fixer la tête de l’agent Joly et lever son marteau « bien haut dans les airs ».

« J’ai la conviction profonde que la vie de l’agent Joly est en danger et que l’action de M. Magloire est de vouloir le frapper à la tête », a-t-il dit. C’est à ce moment précis qu’il décide de tirer.

Mathieu Brassard avait demandé l’intervention d’un policier équipé d’une arme à impulsion électrique (Taser) quelques minutes avant d’ouvrir le feu. Alain Magloire ne voulait pas lâcher son marteau, malgré les ordres répétés des patrouilleurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Le policier Brassard a indiqué qu’il ne se souvenait pas d’avoir entendu un collègue lancer, sur les ondes policières : « Le Taser s’en vient. » Dans les faits, le policier équipé du Taser est arrivé quelques secondes seulement après que l’agent Brassard eut ouvert le feu.

À l’instar des trois autres policiers impliqués dans l’événement qui ont témoigné avant lui, Mathieu Brassard ne se souvient pas des paroles prononcées par Alain Magloire, ses collègues et lui-même dans les minutes cruciales précédant la tragédie.

Le policier Brassard a indiqué qu’il s’était senti attaqué par le sans-abri, qui avançait et reculait en direction des policiers en brandissant son marteau, rue Berri. « Lorsqu’il a avancé vers nous, c’était clairement une attaque. On craignait pour notre sécurité, a-t-il expliqué. Il montrait tous les signes d’une attaque imminente. Je considère qu’il n’y avait aucun autre choix que de faire feu. »

L’enquête reprendra mardi avec le témoignage de Denis Côté. 

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