Les ressources pour femmes itinérantes sont insuffisantes

À l’échelle du Québec, on estime à 78,8 % le taux d’occupation des lits, soit 357 495 nuitées sur les 453 483 disponibles.
Photo: Jacques Nadeau Archives Le Devoir À l’échelle du Québec, on estime à 78,8 % le taux d’occupation des lits, soit 357 495 nuitées sur les 453 483 disponibles.

Les femmes seraient de plus en plus nombreuses à se retrouver en situation d’itinérance, mais les ressources pour les recevoir font défaut. Voilà l’un des constats qui se dégagent du portrait de l’itinérance publié vendredi par Québec, confirmant ainsi les observations faites sur le terrain au cours des dernières années.

Publiée par le ministère de la Santé et des Services sociaux, l’étude intitulée« L’itinérance au Québec : premier portrait » avait été commandée dans la foulée du lancement de laPolitique nationale de lutte contre l’itinérance en février dernier par le précédent gouvernement. Ce portrait se base principalement sur une compilation des données d’utilisation des ressources d’hébergement d’urgence (RHU) à travers la province ainsi que sur celles touchant les ressources de transition.

Sur les 45 établissements recensés répartis dans 15 régions au Québec, 41 ont participé au projet en fournissant leurs données d’occupation pour 2013 et 2014.

Pour les deux années visées par l’étude, les RHU disposaient de 1263 lits d’urgence, dont 130 pour les femmes et 967 pour les hommes, en plus des 166 lits « mixtes ». Comme on pouvait s’y attendre, la région de Montréal accapare une part importante des lits d’urgence de la province, soit 58,4 %. Mais ces données révèlent aussi que l’itinérance est bien présente dans les régions.

Les femmes

 

À l’échelle du Québec, on estime à 78,8 % le taux d’occupation des lits, soit 357 495 nuitées sur les 453 483 disponibles. Mais lorsqu’on y regarde de plus près, on constate un écart entre les taux d’occupation selon le sexe. Ainsi le taux d’occupation pour lesressources réservées aux femmes atteint une moyenne de 103,9 %, contre 85,7 % pour celles des hommes.

« C’est dramatique », commente Pierre Gaudreau, coordonnateur au Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), qui relate que sur une base régulière, les ressources comme l’Auberge Madeleine, la Maison Marguerite et la Rue des femmes doivent composer avec des demandes plus grandes que leur capacité d’accueil. S’il est parfois possible d’accommoder certaines femmes, ces établissements n’ont parfois d’autre choix que de les refuser.

M. Gaudreau souligne d’ailleurs que le nombre de lits offerts aux hommes et femmes ne reflète pas nécessairement la réalité du terrain. « Le ratio n’est sûrement pas de huit hommes pour une femme », signale-t-il.

Comme ce portrait se base sur les données recueillies auprès des ressources d’hébergement, il donne une vision très parcellaire de la réalité, convient Pierre Gaudreau. Mais la méthode préconisée par le maire Denis Coderre, qui souhaite effectuer un recensement des itinérants à Montréal, risque aussi de donner un portrait partiel, dit-il. Il s’agira d’un instantané à un moment précis alors que le nombre d’itinérants fluctue au fil des mois.

M. Gaudreau fonde beaucoup d’espoir sur le plan d’action du gouvernement en itinérance que devrait dévoiler dimanche la ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse et à la Santé publique, Lucie Charlebois. Au cabinet de la ministre, on n’a toutefois pas voulu confirmer que l’« annonce importante concernant la lutte contre l’itinérance au Québec » qui sera faite dimanche à l’Accueil Bonneau concernait ce projet.

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