Moins de crimes, plus de policiers

Beaucoup de loi et d’ordre pour finalement pas tant de désordre que cela. Les dépenses en matière de forces policières au Canada vont croissantes depuis 10 ans au pays, et ce, même si le taux de criminalité sur le territoire canadien n’a jamais cessé de diminuer sur la même période de temps.
C’est en tout cas ce qu’indique une analyse des dépenses et de l’efficacité des services policiers dans plusieurs villes canadiennes menée par l’Institut Fraser. L’organisme estime d’ailleurs que dans l’ensemble, les citoyens paient trop cher ces services de sécurité, y compris à Montréal où les policiers seraient au-delà du nombre requis pour faire face à la criminalité ambiante : en 2011, il y avait là 182 policiers pour 100 000 habitants, soit cinq de trop, indique Livio Di Matteo, prof d’économie et auteur du document.
Dans l’ensemble, entre 2001 et 2012, le nombre de policiers pour 100 000 habitants a augmenté de 8,7 % au Canada. Sur la même période de temps, le nombre de crimes a, lui, diminué de 26,3 %. « Cela s’est accompagné d’une augmentation des dépenses [liées au maintien de ces forces policières] et d’une diminution du travail, par policier », lié à la gestion de crimes encadrés par le Code criminel, poursuit le rapport dévoilé discrètement au début de la semaine. Entre 2002 et 2012, ces dépenses ont grimpé de 23 %, constate l’auteur qui évalue ce coût pour plus de sécurité à quelque 17 milliards de dollars.
Ce portrait est paradoxal dans un contexte d’austérité budgétaire, souligne le rapport. Il coïncide également avec l’arrivée des conservateurs de Stephen Harper à Ottawa et le renforcement dans l’espace public d’un discours plus axé sur l’ordre et la sécurité.
À l’échelle canadienne, Montréal trouve sa place dans la liste des villes où les services de police sont les « moins rentables », avec trop d’officiers au regard de l’enjeu sécuritaire qu’ils doivent affronter quotidiennement. Windsor, Winnipeg, Saint John, Calgary, Halifax ou Victoria sont logées à la même enseigne, selon l’étude de l’Institut Fraser. À l’inverse, les corps policiers de Moncton, Kelowna, Ottawa-Gatineau, Saguenay et Québec s’illustrent pour un rapport un peu plus cohérent, et financièrement plus efficace, entre force policière et crime, indique le rapport.