Diacres: clercs et membres de la société civile

Réginald Harvey Collaboration spéciale
Richard Saint-Louis
Photo: Archives Le Devoir Richard Saint-Louis

Ce texte fait partie du cahier spécial Grand Séminaire de Montréal

Les diacres exercent un rôle élargi au sein de l’Église depuis le concile Vatican II, tenu sous le pontificat de Paul VI de 1962 à 1965. Dans l’archidiocèse de Montréal, le diaconat permanent prend une autre tournure à partir de 2001: il est davantage axé sur la liturgie et la Parole. Échanges avec Richard Saint-Louis, diacre, qui fut responsable du diaconat durant sept ans à l’archevêché.

Dans les temps anciens, ces diacres assuraient le service aux tables pour épauler les apôtres dans leur mission d’évangélisation. Longtemps, le diaconat fut considéré comme une étape dans le cheminement conduisant vers la prêtrise, jusqu’à ce qu’un vent de renouveau lui confère un caractère de permanence au terme du concile : « À partir du moment où un décret dans ce sens a été adopté, la nouveauté, c’est qu’il ouvrait la porte à l’ordination d’hommes mariés, ce qui n’était plus en usage dans l’Église depuis fort longtemps », rapporte M. Saint-Louis qui fit carrière à titre de directeur des communications à Citoyenneté et Immigration Canada et d’officier d’affaires publiques pour les forces armées ; exceptionnellement, il sera ordonné prêtre sous peu.

« À partir de là, ces hommes-là sont stabilisés dans l’ordre diaconal, ce qui veut dire qu’ils ne pourront pas normalement devenir prêtres. Vous êtes un clerc et en même temps une personne mariée, avec femme et enfants et exerçant une activité professionnelle afin de pourvoir aux besoins de la famille. »

Les trois pôles de l’action

Le ministère diaconal se déploie dans trois principaux axes appelés dans le jargon ecclésiastique « les trois grandes tables » : celle de la charité, celle de la liturgie et celle de l’annonce de la bonne nouvelle, qui est partagée à un degré moindre avec les prêtres et les évêques. La plus visible des trois, en raison même des fonctions que le diacre est appelé à remplir sur les plans de l’eucharistie, du baptême, du mariage ou autres, s’avère naturellement d’ordre liturgique.

Richard Saint-Louis dégage de son côté l’importance du volet charitable de la tâche globale : « Ce qui est primordial, dans la vie du diacre, c’est l’exercice de la charité, qui prend des formes qui sont reliées au temps actuel : si elle se manifestait à travers les oeuvres sociocaritatives à une époque, elle s’exerce de différentes manières aujourd’hui, notamment par la présence auprès des démunis, des personnes handicapées, des itinérants, des immigrants, des réfugiés et des “puckés” de la vie.

 

Le diaconat permanent au Québec

Il existe des variables majeures dans la présence des diacres de l’un à l’autre des 23 diocèses du Québec : selon l’Assemblée catholique des évêques du Québec, en tout et partout, ils sont au nombre de 414 ; en comparaison, sur le même territoire, il y a 2520 prêtres diocésains et 1722 prêtres religieux (communautés) pour une population d’environ six millions de catholiques.

M. Saint-Louis dresse ce portrait du diaconat permanent québécois : « À Montréal, la moyenne d’âge des diacres est d’environ 70 ans, et il en va de même ailleurs dans la province d’après ce que j’ai pu observer lors de mes rencontres à l’extérieur de la métropole. Ils sont engagés dans une infinité de ministères et sont très majoritairement des hommes mariés qui peuvent être soit à la retraite, soit en semi-retraite. Attention ! Il y aussi un bon nombre de mes confrères qui sont très actifs sur le marché du travail, en provenance de toutes ses avenues. » À l’âge de 75 ans, le diacre doit présenter une lettre de démission à l’évêque, mais, dans bien des cas, il sera autorisé à poursuivre son ministère, sur une base annuelle plutôt que triennale, dans la région de Montréal, s’il se trouve en bonne santé.

Il se penche finalement sur le cheminement que doit emprunter le candidat au diaconat permanent dans le diocèse de Montréal, selon un décret du cardinal Turcotte entré en vigueur en 2001. Dans un premier temps, les gens sont rencontrés à l’archevêché par un comité de sélection après avoir soumis leur candidature par écrit.

En cas d’acceptation, la formation se donne par la suite à temps partiel à l’Institut de formation théologique de Montréal du Grand Séminaire. Le diacre décrit le parcours académique : « On doit au minimum obtenir un certificat en théologie au terme de trois ans d’étude. Auparavant se sera déroulée l’année de propédeutique dite de discernement. Parallèlement à ces trois années d’études, il en existe trois autres de formation en accompagnement spirituel donnée en partenariat avec le centre Le Pèlerin ; les aspirants diacres sont alors appelés à réfléchir davantage et d’une manière beaucoup plus pointue sur le sens de leur appel. »

La conjointe est associée de près à tout le processus éducatif qui, au bout de cinq à sept ans, aboutit à l’ordination du diacre lors d’une cérémonie qui n’est pas sans rappeler étroitement celle de l’accès à la prêtrise.

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« Ce qui est primordial dans la vie du diacre, c’est l’exercice de la charité, qui prend des formes qui sont reliées au temps actuel. »

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