Les écoles autochtones plombées par des structures défaillantes
Alors que les écoles des réserves autochtones présentent toujours des taux de décrochage alarmants, une étude de l’Institut Fraser pointe une organisation défaillante des services.
Avec moins de 40 % de taux de réussite, le système d’éducation en vigueur dans les réserves des Premières Nations du Canada ne donne pas les résultats auxquels on pourrait s’attendre. Et, selon une étude rendue publique par l’institut Fraser, les investissements consentis ne sont pas seuls en cause.
D’entrée de jeu, l’étude intitulée « Mythes et réalités de l’éducation des Premières Nations » (Myths and Realities of First Nations’ Education), signée par Ravina Bains, constate que « contrairement à ce qui est en vigueur dans nos systèmes d’éducation provinciaux, il n’y a pas de standards éducatifs minimaux imposés pour les élèves des Premières Nations vivant dans les réserves ». Elle établit ensuite que l’augmentation des budgets consacrés à l’éducation des Premières Nations ne plafonne pas à 2 %, comme le relèvent pourtant « plusieurs organisations des Premières Nations ».
Selon Mme Bains, il ne suffit donc pas d’augmenter les budgets consacrés à l’éducation des Premières Nations, il faudrait réformer les structures scolaires.
À titre d’exemple, elle mentionne en entrevue qu’une entente tripartite, conclue avec la nation micmaque de Nouvelle-Écosse, a permis aux élèves micmacs d’atteindre un taux de diplomation de 87 %, ce qui est bien au-dessus de la moyenne nationale, tous élèves confondus.
Pour Mme Bains, c’est une approche régionale, impliquant tant les autorités publiques des Premières Nations que celles des provinces et du fédéral, qui fournirait des clés de la réussite des jeunes autochtones du Canada.
À ce chapitre, elle mentionne que le récent projet de loi du gouvernement fédéral, qui visait une réforme « nationale » du système d’éducation des Premières Nations, a récemment avorté.
En entrevue, Mme Bains reconnaît que certains critères, dont l’éloignement ou les problèmes sociaux auxquels sont confrontées les communautés, ont un impact certain sur les budgets nécessaires à la bonne marche des écoles autochtones. Mais elle cite bien d’autres problèmes récurrents dans les écoles des réserves des Premières Nations du Canada : une certification obligatoire inexistante des enseignants, des programmes qui ne respectent pas les standards provinciaux, aucun minimum obligatoire de présences en classe… Le tout fait en sorte que même les élèves des Premières Nations qui parviennent à décrocher leur diplôme éprouvent des difficultés à s’intégrer au système d’éducation.
Le cas d’Attawapiskat
Dans son film Hi Ho ! Mistahey !, qui était présenté cette semaine dans le cadre du festival Présence autochtone, Alanis O’bomsawin relate l’histoire du combat des résidants de la réserve crie d’Attawapiskat, dans le nord de l’Ontario, pour qu’on y construise une école de niveau primaire, la dernière ayant été détruite après avoir été contaminée par un déversement de diesel. Douze ans après cette démolition, la nouvelle école d’Attawapiskat se fait toujours attendre, et les jeunes doivent assister à leurs cours dans des installations de fortune, sans bibliothèque, sans laboratoire de sciences, dans des locaux surpeuplés et mal chauffés. Ce n'est qu'après une longue lutte que des fonds ont finalement été débloqués pour construire une nouvelle école.
« Ceux qui sont doués sont envoyés à l’extérieur de la réserve », constate, dans le film, le député néodémocrate de la région, Charlie Angus. Mais M. Angus a constaté que même ces bons élèves ont de la difficulté à s’intégrer aux écoles hors réserves.
« Nous sommes les chanceuses qui peuvent sortir de la réserve pour étudier », relève par ailleurs une des jeunes filles interrogées dans le film. Même si l’échec scolaire plane constamment au-dessus de leurs têtes.
Ravina Baines, quant à elle, constate qu’après 40 ans de débats sur le système d’éducation des autochtones, une restructuration s’impose.
Citant un rapport du ministère des Affaires autochtones et du Nord canadien, elle écrit que l’absence de standards requis pour les élèves des Premières Nations dans les réserves autochtones a donné lieu à « des situations où des jeunes obtiennent un diplôme des établissements scolaires dans les réserves, mais ne peuvent pas démontrer la valeur de ce diplôme en milieu de travail ou en établissement postsecondaire » (traduction libre de la rédaction).
Contrairement à ce qui est en vigueur dans nos systèmes d’éducation provinciaux, il n’y a pas de standards éducatifs minimaux imposés pour les étudiants des premières nations vivant dans les réserves