Un documentaire donne la parole à des opposants au projet de charte de la laïcité

On sait déjà que le projet de loi 60 sur la charte de la laïcité soumis par le gouvernement du Québec ne pourra pas être mis aux voix avant la tenue des prochaines élections. Mais il aura réussi à faire couler plus d’encre que la plupart des projets du gouvernement péquiste.

 

Le documentaire La charte des distractions, en ligne depuis mardi (chartedesdistractions.com), aborde le sujet de nouveau pour ceux qui n’auraient pas été rassasiés.

 

Produit par trois médias indépendants — 99 % médias, Les Altercitoyens et G.A.P.P.A. — et rendu possible par sociofinancement, le film est un plaidoyer contre le projet de loi 60 et donne la parole à 14 acteurs sociaux de différents horizons.

 

La psychiatre Cécile Rousseau, spécialiste auprès des enfants immigrés et réfugiés de Montréal, y compare le Québec à un couple qui, s’il franchit certaines limites, peut avoir de la difficulté à retrouver sa cohésion d’autrefois.

 

«Assimilationniste »

 

À titre d’exemple, on rencontre la famille syrienne de Nedal Alnajjar et Manal Aoudeh qui, après avoir vécu de longues années à Montréal sans subir la moindre forme de racisme, ont reçu récemment deux lettres anonymes sur lesquelles on pouvait voir une photo de Manal, dont le foulard était marqué d’un « X ».

 

« On ne sait pas si ça va rester là ou dégénérer », dit Nedal, qui se demande aussi s’ils ne vont pas quitter le quartier, voire le Québec.

 

Pour Maryse Potvin, professeure d’éducation à l‘Université de Montréal, la charte repose sur un « discours assimilationniste ».

 

Ce qui fait bondir les représentantes autochtones d’Idle no More, également rencontrées dans le film, puisque c’est aussi un discours assimilationniste qui a fait perdre aux autochtones du Canada leur identité sociale, culturelle et économique.

 

Pour Widia Larivière, ce projet de charte est « un déni des valeurs autochtones ». Elle déplore d’ailleurs que les autochtones n’aient pas été consultés sur ce projet.

 

Les peurs de la majorité

 

Plusieurs analystes consultés voient la source de ce projet péquiste dans l’accession de l’Action démocratique du Québec au statut d’opposition officielle en 2007, alors que le débat sur les accommodements raisonnables faisait rage et que l’ADQ défendait un nationalisme farouche.

 

La psychiatre Cécile Rousseau relève d’ailleurs que de récentes études ont signalé une montée du racisme au Québec.

 

« On assiste à un recul » des politiques d’asile et d’accueil des réfugiés, note-t-elle aussi.

 

Pour elle, il faut cependant « prendre soin des peurs de la majorité », pour éviter qu’elles ne mènent à un chaos irrémédiable.

 

L'intégrale du documentaire La charte des distractions. Plus de détails au www.chartedesdistractions.com

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