États généraux du féminisme - La FFQ ne changera pas sa position sur le port du foulard

Le groupe Pour les droits des femmes du Québec (PDF-Q) veut combattre le port du voile, car celui-ci représenterait un symbole d’asservissement de la femme.
Photo: - Le Devoir Le groupe Pour les droits des femmes du Québec (PDF-Q) veut combattre le port du voile, car celui-ci représenterait un symbole d’asservissement de la femme.

La Fédération des femmes du Québec n’envisage pas de réviser sa position sur le port du foulard par les femmes musulmanes dans la fonction publique pour l’instant. La présidente de la Fédération, Alexa Conradi, a réagi ainsi vendredi à la création par un groupe de femmes québécoises d’une nouvelle entité, Pour les droits des femmes du Québec (PDF-Q), qui veut combattre le port du voile parce que c’est un symbole d’asservissement de la femme.

 

Alexa Conradi, qui participe aux états généraux sur le féminisme tout le week-end, ne croit pas pour autant que le mouvement féministe soit en crise sur cette question. « On a toujours eu des tendances et des divergences. Elles sont davantage articulées en ce moment parce qu’il y a un projet de charte qui a été déposé par le gouvernement et qui est extrêmement diviseur dans la société. Il met en lumière qu’il y a des perspectives variées sur la laïcité dans le mouvement des femmes. Mais on n’aurait pas pu rassembler plus de mille femmes pour discuter de questions de liberté, d’égalité et de justice si on était en profonde crise. »

 

Des représentantes du groupe PDF-Q, dont la nouvelle présidente, Michèle Sirois, participeront d’ailleurs aux états généraux organisés par la Fédération des femmes du Québec ce week-end.

 

Ces femmes « ont des positions si fortes et si fermes sur la laïcité qu’elles ont décidé d’en faire leur cheval de bataille », poursuit Mme Conradi. La présidente ne prévoit pas pour autant une désaffection massive des rangs de la FFQ. « Il y a des femmes qui arrivent et il y a des femmes qui partent, dit-elle. Mais les femmes qui se préoccupent plutôt d’enjeux de violence, de pauvreté, de discrimination et de justice sont très présentes à la FFQ. »

 

«Trop blanches » ?

 

Quant à elle, la présidente du Conseil du statut de la femme, Julie Miville-Dechêne, qui animait vendredi un atelier sur le rôle du féminisme d’État, s’est demandé si les féministes travaillant au sein de l’appareil d’État étaient « trop blanches » pour pouvoir représenter adéquatement toutes les Québécoises.

 

« La moitié des femmes de Montréal viennent d’ailleurs ou sont nées de parents qui viennent d’ailleurs », relève-t-elle. Le Conseil du statut de la femme se préoccupe par ailleurs d’être « en lien avec les femmes qui ne sont pas présentes dans le mouvement des femmes ».

 

Grandes orientations

 

Les états généraux du féminisme devraient permettre aux féministes d’établir de grandes orientations pour les 20 prochaines années sur des thèmes aussi variés que la santé, l’accès à l’emploi, l’équité salariale, l’écologie, l’autodétermination et la solidarité avec les femmes autochtones, la démocratie et le rôle de l’État, les stéréotypes et les normes sociales, etc. On relève par exemple qu’au Québec, les femmes gagnent toujours en moyenne 75 % du salaire des hommes, et les retraitées perçoivent 59 % des revenus des retraités. Les relations des communautés autochtones avec le gouvernement se sont détériorées, soulève-t-on aussi. Les féministes demeurent par ailleurs très divisées dans le débat sur la prostitution, certaines continuant de viser l’abolition de la prostitution, tandis que d’autres souhaitent plutôt la réglementation de l’industrie.

 

Des propositions sur chacun des grands enjeux soumis aux états généraux seront retenues en plénière dimanche.

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