Table de concertation en immigration - Et 50 000 nouveaux arrivants s’ajoutent année après année

Sarah Poulin-Chartrand Collaboration spéciale
Le nombre d’immigrants a augmenté au fil des années.
Photo: - Le Devoir Le nombre d’immigrants a augmenté au fil des années.

Ce texte fait partie du cahier spécial Action communautaire

Les politiques et les visages de l’immigration se sont transformés dans les 30 dernières années. Mais les besoins en matière de logement, de travail ou d’intégration scolaire sont encore et toujours au coeur des activités des organismes de la province oeuvrant auprès des nouveaux arrivants.

 

Fondée en 1979, la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI) regroupe 140 organismes communautaires, répartis sur tout le territoire québécois. Ces organisations soutiennent ou défendent les droits des personnes réfugiées et immigrantes au Québec.

 

Depuis la mise sur pied de la TCRI, les services en immigration ont énormément évolué dans la province. « Aujourd’hui, la situation n’a rien à voir avec celle d’il y a 30 ans, confirme Stephan Reichhold, directeur de la Table. Les objectifs comme les politiques du Québec et du Canada ont changé, avec l’accord Canada-Québec sur l’immigration, en 1991, notamment. »

 

Grâce à cet accord, le Canada donne au Québec les pouvoirs relatifs à l’intégration et à la francisation de ses immigrants, tout en transférant des budgets d’immigration annuels à la province. Selon Stephan Reichhold, ces transferts de pouvoir ont permis de véritablement développer les services d’immigration au Québec. « Le choix de la province a ensuite été de partager une partie des services avec les organismes qui oeuvraient directement sur le terrain. » Le réseau des organismes en immigration s’est donc beaucoup développé depuis les années 90.

 

En 2011, rappelle Stephan Reichhold, le ministère de l’Immigration a même décidé de se retirer complètement des services directs, ce qui a donné beaucoup de poids aux organismes communautaires. « Notre réseau a pour ainsi dire le monopole des services aux immigrants », résume le directeur de la TCRI.

 

Des besoins mouvants

 

Le visage de l’immigration s’est aussi beaucoup transformé dans les 30 dernières années. « L’immigration, dans les années 90 et jusqu’au milieu des années 2000, était plutôt faible. Elle était d’environ 30 000 ou 35 000 nouveaux arrivants chaque année et le taux de rétention était lui aussi assez faible. On a donc voulu mieux sélectionner les immigrants. La province a en même temps commencé à manquer de main-d’oeuvre qualifiée et on a beaucoup misé sur une immigration de personnes qualifiées, qui parlaient majoritairement le français, en provenance de l’Europe et du Maghreb. » Depuis quatre ou cinq ans, l’immigration a grimpé à un peu plus de 50 000 personnes par an.

 

Ce changement de stratégie ne s’est pas fait sans heurt, croit Stephan Reichhold. La décision de favoriser des immigrants instruits, scolarisés, ne s’est pas accompagnée d’une préparation adéquate de la société. « Personne n’avait réfléchi à l’impact à moyen terme. Personne au gouvernement ne s’est demandé comment ces gens allaient s’intégrer. On s’est rapidement rendu compte que le fait d’avoir un diplôme et de parler le français ne garantissait pas un emploi. » L’enjeu du travail, ajoute Stephan Reichhold, en est un des plus importants auxquels font face les immigrants à l’heure actuelle.

 

Le récent projet de Charte des valeurs du gouvernement provincial ne réjouit pas non plus les organismes assis autour de la Table de concertation. Les immigrants sont préoccupés par ce qu’ils entendent, rapporte le directeur de la TCRI. « C’est un recul important, par rapport aux acquis aux dernières années. L’intégration des immigrants se passait assez bien ; les problèmes de racisme et de discrimination qu’on voit apparaître sont inquiétants. »

 

Nouvel emploi, nouveau logement

 

Les organismes membres de la Table de concertation touchent à la vaste majorité des services dont les nouveaux arrivants ont besoin : recherche de logement, démarches administratives, francisation, etc.

 

« Nos membres sont assez hétérogènes, résume Stephan Reichhold. Certains organismes travaillent avec des immigrants dans les cinq premiers jours de leur arrivée, alors que d’autres offrent des services d’aide à la recherche d’emploi. Ce qui nous caractérise est que nous avons une approche globale. Une famille sera soutenue dans l’intégration à l’école autant que dans la recherche de meubles pour son logement ou lors de l’ouverture d’un compte bancaire. » La vaste majorité des organismes membres de la Table sont financés par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles.

 

Portes ouvertes sur le Lac, au Saguenay -Lac-Saint-Jean, par exemple, a pour but d’augmenter le nombre d’immigrants dans la région en facilitant leur intégration. L’organisme vise aussi la rétention de ses immigrants et offre des services directement aux employeurs. À Montréal, le Carrefour d’aide aux nouveaux arrivants a mis sur pied, parmi différents services, des projets scolaires dans des écoles multiethniques du quartier Ahuntsic, afin de créer des liens entre l’école et les familles nouvellement arrivées.

 

Si une des missions de la TCRI est de défendre les intérêts des personnes immigrantes, réfugiées ou sans statut, son autre mandat est de soutenir les organismes membres dans leurs plans d’intervention. « Nous n’intervenons pas directement auprès des personnes immigrantes, explique Stephan Reichhold. Nous faisons, par contre, beaucoup de formation auprès des intervenants de nos organismes membres, qui touche leurs pratiques dans un contexte de relations interculturelles. Nous suivons aussi de très près ce qui se passe comme projets de loi ou nouveaux règlements en matière d’immigration, afin de faire valoir les intérêts des immigrants et des réfugiés. »

 


Collaboratrice

Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.

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