Front commun des personnes assistées sociales - Il y a urgence en la demeure
Ce texte fait partie du cahier spécial Action communautaire
Le Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ), qui oeuvre depuis presque 40 ans dans le but de défendre les droits économiques, sociaux et culturels des plus démunis de la société, considère qu’il est urgent de s’attaquer aux inégalités sociales, sans quoi il pourrait y avoir une véritable crise.
« Les assistés sociaux ne peuvent pas subvenir à leurs besoins essentiels avec les prestations actuelles. Certains doivent jeûner durant plusieurs jours », a déploré la porte-parole de l’organisme, Amélie Châteauneuf. Selon elle, la situation est alarmante présentement et une bonification des prestations est plus que nécessaire de la part du gouvernement québécois. « Plus le temps avance, plus les pauvres perdent de leur pouvoir d’achat », a-t-elle exposé.
Il y a urgence car, de 2004 à 2010, les prestations ont été indexées de moitié par rapport au coût de la vie. « Les gens ont perdu pendant ces années-là beaucoup de pouvoir d’achat », a-t-elle précisé. En 2010, l’indexation complète a été concédée par le gouvernement libéral. Or les prix des biens essentiels, comme le loyer, l’alimentation et l’électricité, ont augmenté de façon beaucoup plus importante que l’indexation. Qui plus est, les banques alimentaires reçoivent de moins en moins de denrées. « Il y a une augmentation de la demande et une baisse de l’offre. Les banques alimentaires ne fournissent plus », a regretté Mme Châteauneuf.
Selon la FCPASQ, il ne faut pas blâmer seulement le gouvernement qui est en place actuellement. « Ce n’est pas seulement la faute du gouvernement péquiste. Les libéraux aussi n’avaient pas indexé les prestations au coût de la vie », a estimé Mme Châteauneuf.
Les compressions Marois dénoncées
Cela n’empêche pas la porte-parole de critiquer vivement la décision de la ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Agnès Maltais, de couper les prestations d’aide sociale de certaines personnes, dont celles qui ont des contraintes temporaires en matière d’emploi. Cette dernière explique ces compressions par la volonté d’intégrer ces prestataires au marché du travail. Certains travailleurs reçoivent donc un montant de 195 $ par mois lorsqu’ils suivent un programme d’employabilité. Tous ces travailleurs vont rencontrer Emploi-Québec, qui veut « identifier les plus vulnérables et leur offrir des mesures adaptées à leurs besoins », selon le communiqué du ministère. Ce n’est pas la bonne façon de régler le problème, selon la porte-parole du FCPASQ : « Il faut donner un montant minimal aux prestataires, c’est cela qui va les encourager à vouloir entrer dans le marché du travail. »
L’organisme dénonce d’ailleurs le fait qu’il y a encore trop peu de programmes d’employabilité disponibles pour la demande, qui serait élevée. « Il y a des listes d’attente partout, et même dans les régions où il n’y en a pas, il pourrait y en avoir avec cette nouvelle mesure, a constaté Mme Châteauneuf. Donc ce n’est pas vrai de dire que la personne qui se fait couper son allocation aura nécessairement accès à un travail. »
La FCPASQ prône, à court terme, l’établissement d’un « barème plancher » pour les prestations d’aide sociale. Ce montant minimal devrait couvrir les besoins essentiels, comme la nourriture, le logement, les médicaments et l’habillement. Il s’agirait d’une mesure inscrite dans la loi sur l’aide sociale, qui interdirait aussi à tout gouvernement de diminuer les prestations.
En fin de compte, l’organisme souhaiterait qu’un gouvernement mette en place un revenu social garanti universel. Chaque personne aurait donc un salaire annuel, qui serait fixé en fonction du seuil de faible revenu de Statistique Canada, établi à 23 647 $ pour l’année 2012, avant les impôts. « Chaque personne devrait avoir une reconnaissance de son apport à la richesse collective. On pense que ce serait une bonne façon de répartir la richesse, a plaidé Mme Châteauneuf. Ça ne toucherait pas seulement les assistés sociaux, mais un grand nombre de citoyens et citoyennes qui vivent dans la pauvreté », a-t-elle ajouté.
Par et pour les assistés sociaux
Le Front commun des personnes assistées du Québec est un organisme à but non lucratif qui réunit 32 groupes répartis dans toute la province. Les groupes locaux informent et encouragent l’engagement, que ce soit pour suivre des formations ou participer à l’organisation de moyens de pression pour faire valoir des droits.
Les assistés sociaux ont aussi leur mot à dire dans l’élaboration des positions et des actions du FCPASQ. « Dans toutes les instances, à l’assemblée générale, dans les comités, ce sont elles qui ont le droit de vote. Ce sont donc elles qui prennent les décisions. Elles ont une place assez centrale dans le groupe », explique Mme Châteauneuf. L’organisme tient généralement quatre assemblées générales par année, dans lesquelles les membres déterminent les priorités et les revendications qui orienteront leurs actions au cours de cette période.
Le FCPASQ a aussi pour objectif de combattre les préjugés qui perdurent envers les assistés sociaux. Par exemple, l’organisme fait beaucoup de conférences dans les cégeps et les universités pour décrire la réalité de ces personnes.
Il poursuit aussi cet objectif en formulant des plaintes contre certaines radios qui répandent des faussetés sur la situation des assistés sociaux. « Il y a eu beaucoup de radios qui ont été condamnées pour avoir tenu des propos inexacts ou méprisants sur ces personnes », a remarqué Mme Châteauneuf.
Collaboratrice
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.