Que s’est-il passé à Nantes?

L’incendie a mobilisé une dizaine de pompiers du Service de protection incendie de Nantes, selon le maire Sylvain Gilbert. Il estime que c’est la première fois que les pompiers de sa municipalité ont eu à intervenir pour éteindre une locomotive en feu. « C’est un feu interne du moteur […] c’est un feu qui sortait de la cheminée de la locomotive », explique David Grégoire, qui est officier des pompiers de Nantes et qui faisait partie de l’équipe d’intervention.
Le feu provenait de la locomotive de tête, qui tirait le convoi, dit M. Grégoire, qui ne connaît pas les causes de l’incendie. « Je n’ai aucune idée, je ne comprends pas encore pourquoi », dit le pompier. « Tout a bien été de notre part », ajoute-t-il.
À la fin de l’intervention, les pompiers ont rencontré un employé de la MMA afin de s’assurer que le train était sécuritaire, selon le maire de Nantes. « Mon service d’incendie a fait vérifier par la MMA si tout était OK, pour une question de sécurité, la MMA a confirmé que tout était parfait […] mon service d’incendie a quitté », dit M. Gilbert, en entrevue téléphonique avec Le Devoir.
Une version des faits que confirme M. Bourdon. « Ils ont éteint le feu, puis, pour une raison que l’on ignore, […] le train est parti de lui-même. On veut savoir pourquoi, parce qu’il avait été sécurisé. Les freins à bras avaient été mis sur la locomotive, et sur les wagons, tel que prévu dans les règles », estime M. Bourdon.
Toutefois, la locomotive qui a pris feu était celle dont le moteur devait tourner toute la nuit, afin notamment de maintenir l’effet des freins à air, selon M. Bourdon. Les moteurs des quatre autres locomotives du convoi, qui comptait 73 wagons, avaient été éteints par le « chef de train ». « On laisse une locomotive en fonction pour maintenir l’air sur les freins, c’est une mesure de sécurité additionnelle », explique-t-il. Le moteur de la locomotive tournait à l’arrivée des pompiers. À leur départ, le moteur ne tournait plus, selon M. Grégoire. « On a quitté, la locomotive n’était plus fonctionnelle », dit-il en entrevue téléphonique avec Le Devoir. Les freins à air du convoi, qui s’enclenchent automatiquement lorsqu’un train s’arrête, ne pouvaient en théorie plus fonctionner, selon M. Bourdon.
Toutefois, pour des raisons de sécurité, les cheminots actionnent toujours d’autres types de freins, manuellement, sur les locomotives et sur un certain nombre de wagons, afin d’empêcher le train de débouler une pente, en cas de problème avec les freins à air, selon M. Bourdon. Dans ce cas-ci, les freins avaient été actionnés sur une « bonne dizaine de wagons », et sur les cinq locomotives, selon lui. En théorie, ces freins mécaniques auraient dû suffire à immobiliser le train pendant la nuit, même si les freins à air ne répondaient plus, selon M. Bourdon. « C’est censé être suffisant pour tenir le train, c’est la procédure […] il y a quelque chose qui est arrivé », explique-t-il. M. Bourdon ne sait pas pourquoi la « procédure normale » qui consiste à toujours laisser une locomotive en fonctionnement n’a pas été respectée. « C’est les gens impliqués qui peuvent répondre à cette question », dit-il en entrevue téléphonique avec Le Devoir.
Il ajoute que les policiers de la Sûreté du Québec ont interrogé le « chef de train » qui terminait son quart de travail vendredi soir, ainsi que le « répartiteur » qui travaillait à partir de Farnham, le point de départ du convoi.
La compagnie a été critiquée par certains pour avoir tardé à s’exprimer publiquement, après l’accident. Mais M. Bourdon soutient que la MMA a suivi les développements des derniers jours de très près. « On est une petite compagnie ferroviaire, on n’a pas de services de relations publiques », explique M. Bourdon. Il indique toutefois que la MMA souhaite aider de manière concrète et « dans les plus brefs délais » les sinistrés de Lac-Mégantic, notamment par l’intermédiaire de la Croix-Rouge.