Haro sur le prix des loyers

Des milliers de Montréalais ont changé de domicile lundi.
Photo: Pedro Ruiz - Le Devoir Des milliers de Montréalais ont changé de domicile lundi.

Il est plus facile de trouver un logement à louer dans les grandes villes québécoises ces dernières années, mais les loyers sont de plus en plus chers et le parc locatif est vieillissant, selon le dernier bilan du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).


Le FRAPRU estime que la pénurie de logements à louer, qui avait touché le Québec au début des années 2000, s’est résorbée. Selon la Société canadienne d’hypothèque et de logement, le taux d’inoccupation était, en avril 2013, de 3,1 % au Québec et de 3,0 % à Montréal. L’Abitibi-Témiscamingue et la Côte-Nord demeurent cependant des régions qui font face à une pénurie de logements persistante. Mais la pénurie est bel et bien terminée à Montréal, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières ou Saguenay, pense le coordinateur du FRAPRU, François Saillant.


Location


Désormais, le problème principal est l’augmentation des prix du loyer, estime le FRAPRU. De plus en plus de familles de Montréal consacrent plus de 30 % de leurs revenus au logement, ce qui entraîne une augmentation du nombre de ménages en situation de non-paiement de loyer, selon M. Saillant.


De plus, la situation demeure instable, car peu de logements à louer sont construits au Québec. Les grandes villes québécoises risquent de manquer de logements à louer en bon état au cours des prochaines années. « C’est pas nécessairement durable, on a des inquiétudes parce que les mises en chantier de logements locatifs sont vraiment en baisse, depuis 2007, dans la région métropolitaine de Montréal », explique M. Saillant.


C’est la ville de Longueuil qui illustre le mieux cette situation, selon M. Saillant. En 2012, il y a eu 62 mises en chantier de logements locatifs, alors qu’il y a eu 852 mises en chantier de condominiums, selon les chiffres compilés par le FRAPRU. Ce qui fait en sorte que le parc de logements à louer vieillit. Il croit qu’il serait avantageux de se tourner vers la conversion de logements privés en logements sociaux, ce qui permettrait d’effectuer des rénovations à l’aide de subventions.


Un autre fait à noter, la multiplication des condominiums à louer, dans les grandes villes québécoises. « C’est un phénomène en accroissement », dit-il. Acheter des condominiums pour les louer est un moyen pour les investisseurs immobiliers de diversifier leurs placements, afin de limiter les risques, estime Nicolas Bouffard, courtier immobilier et investisseur à Sherbrooke. « On paye les intérêts avec la location, puis après ça, on va être capables, en revendant, d’arriver à notre argent », estime M. Bouffard, qui loue régulièrement des condominiums qu’il a achetés. Mais ces logements se louent au prix fort. « Ça prive toute une population qui aurait besoin de ces logements-là », explique Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques.


 

Avec La Presse canadienne

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