Cap sur une croissance démographique au Québec

Au début du XXe siècle, une famille québécoise sur cinq comptait au moins… dix enfants. Avec 1,73 enfant par famille en 2011, les tablées sont moins bruyantes aujourd’hui, assurément, mais un regain du taux de fécondité permet au Québec de supplanter la moyenne canadienne pour une première fois depuis 1960 et de croire en des jours meilleurs.
Voilà l’un des faits saillants tirés du portrait démographique du Québec de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Les données, dévoilées mardi, mettent en relief une croissance démographique assez bien portante au Québec, bien qu’elle n’égale pas encore celle du Canada entier. Mais depuis une cinquantaine d’années, l’écart entre le Québec et le reste des autres provinces n’a jamais été aussi mince, avec une croissance de 0,9 % en 2012 pour le Québec, contre un peu plus de 1 % pour le reste du Canada.
Étirée sur une décennie, la santé démographique du Québec connaît un excellent bilan : la fécondité des Québécoises dépasse celle des Canadiennes depuis 2006, l’espérance de vie qu’on y observe est similaire à la moyenne canadienne (3e plus élevée parmi l’ensemble des provinces, alors qu’elle a occupé le dernier rang jusqu’à la fin des années 80).
En 2011, l’indice de fécondité du Québec se situait à 1,69 enfant par femme, contre 1,61 pour l’ensemble du Canada. Un petit retour dans le temps est instructif toutefois : au début des années 50, ce même indice était à 3,8 et l’âge moyen des femmes qui enfantaient était de 29,56 ans - aujourd’hui, le Québec est quasi sur la moyenne canadienne, avec 30 ans d’âge moyen à la maternité (30,2 ans pour le Canada).
Les experts de l’ISQ ont expliqué mardi ne pas s’attarder aux raisons qui expliquent les changements de courbe démographique, mais les programmes sociaux du Québec dirigés vers la famille, tel un réseau de centres de la petite enfance à 7 $ par jour ou encore un congé parental, pourraient avoir incité des couples hésitants à partir en famille !
D’autres provinces, toutefois, font encore mieux : notamment le Manitoba, avec un indice de 1,86 ; la Saskatchewan (1,99), et l’Alberta (1,81).
Parmi les autres facteurs qui expliquent ce bilan positif pour le Québec, l’ISQ note aussi dans son bulletin que « l’espérance de vie du Québec poursuit son rattrapage », se rapprochant de la moyenne canadienne avec 78,6 ans chez les hommes, et 83,2 ans chez les femmes. Dans les années 20, le Québec était bon dernier, et accusait même un retard de huit ans avec la Colombie-Britannique, alors la province détenant la position la plus enviable à ce chapitre.
Migration internationale
Même si le taux de fécondité du Québec est à la hausse, la province continue de vieillir plus rapidement que le Canada, avec une croissance toujours inférieure à la moyenne canadienne (population en 2012 de 8,1 millions d’habitants sur 34,9 millions au Canada, et une perte de presque cinq points depuis 1971).
Dans le lot des options présentées pour contrer cette croissance pas assez vigoureuse, l’immigration ne suit pas de très loin la natalité. Le bilan de l’ISQ nous apprend qu’une part de plus en plus grande d’immigrants s’installe au Québec - 19,2 % des 250 000 immigrants ayant choisi le Canada durant la dernière décennie, 20,8 % en 2011 et 21,4 % en 2012, l’Ontario dépassant toujours le Québec (toutefois, la portion d’immigrants optant pour l’Ontario est passée de 60 % en 2001 à moins de 40 % en 2012).
Les immigrants admis au Québec en 2011 provenaient de 130 pays différents, avec en tête Haïti (9,8 %), la Chine (9,5 %), l’Algérie (7,9 %), le Maroc (7,6 %) et la France (6,3%).
Si les mouvements migratoires favorisent d’autres provinces (notamment celles de l’Ouest) bien plus que le Québec, sa part d’immigrants admis s’est accrue au cours des dernières années.
Ce dernier portrait permettrait-il de croire à un renversement de tendance possible ? « Les dernières projections laissaient entrevoir une croissance québécoise de moitié moindre que celle du reste du Canada d’ici 2036 » (un taux de variation de 16,5 % par rapport à un taux canadien de 26,9 %), note le bulletin. « Bien que l’amélioration des indicateurs soit encore insuffisante pour permettre au Québec de croître plus rapidement que le reste du Canada, il est fort probable que la différence d’accroissement projeté s’amenuise. »