Décès de Patrick Limoges et de Mario Hamel: pas de blâme pour les policiers
Le coroner Jean Brochu refuse de blâmer les policiers responsables de la mort de Patrick Limoges et Mario Hamel, mais son rapport n’est pas tendre à l’égard de l’intervention fatidique de juin 2011. Avec plus de pistolets électriques Tasers et plus de ressources pour venir en aide aux personnes en détresse psychologique, les deux hommes seraient encore en vie.
M. Brochu recommande l’ajout de ressources en santé mentale sur le terrain, avec des équipes mobiles d’intervenants qui pourraient soutenir les policiers, une formation accrue en tir pour les agents du SPVM, le recours plus prononcé au pistolet à impulsion électrique, et une révision de la formation sur l’intervention auprès des gens en détresse.
Le coroner recommande aux policiers d’adopter des « méthodes plus douces, moins coercitives ». « On ne s’en va pas abattre un criminel armé d’une mitraillette », illustre M. Brochu.
Deux minutes
Il s’est écoulé deux minutes entre l’arrivée des policiers et la mort de MM. Limoges et Hamel, le 7 juin 2011 au centre-ville. M. Hamel était en crise depuis une bonne dizaine de jours, laissé à lui-même. Ce matin-là, il s’est mis à éventrer des sacs à ordure avec un couteau, et les policiers craignaient qu’il s’en prenne aux passants.
Les patrouilleurs n’ont jamais réussi à le raisonner. Ils ont tenté de l’asperger de poivre de Cayenne, jugeant qu’il était trop dangereux de l’approcher avec un bâton télescopique. Au premier essai, la bonbonne n’a pas fonctionné. Au deuxième, M. Hamel a été atteint partiellement, et il a levé son couteau en direction d’un policier.
Un de ses collègues a ouvert le feu deux fois, sans atteindre l’itinérant. Une des balles a ricoché au sol et elle a tué M. Limoges, qui se trouvait à une cinquantaine de mètres. Un deuxième policier a tué M. Hamel d’une balle au dos. Après les premiers coups de feu, le désespéré s’était recroquevillé au sol.
Tout s’est passé très vite « en une seconde, une seconde et demie », explique le coroner Brochu. Lors de l’intervention, il y avait « une fenêtre » pour utiliser le Taser, et éviter le désastre, estime le coroner. Il ne recommande cependant pas d’équiper tous les policiers de cette arme controversée, qui a été mise en cause dans les décès de Quillem Registre à Montréal et de Robert Dziekanski à Vancouver.
La Ligue des droits et libertés accueille avec satisfaction les portions du rapport sur l’ajout de ressources en santé mentale. Son président, Dominique Peschard, s’oppose à l’utilisation du Taser. « C’est une solution de facilité pour les policiers qui prennent des raccourcis dans les interventions. Nous ne sommes pas favorables à la prolifération de cette arme qui peut causer la mort », a-t-il dit.