Flambée de violence en vue dans le crime organisé
L’assassinat de figures importantes dans le milieu des gangs de rue fait planer la menace d’une nouvelle flambée de violence dans l’univers du crime organisé montréalais.
Le chef des Bo-Gars - gang de rue affilié à la famille Les Rouges, dont il serait présumément également le dirigeant -, Chénier Dupuy, est tombé sous les balles de deux tireurs vendredi soir dans le stationnement des Galeries d’Anjou.
Criblé de balles, le véhicule utilitaire sport (VUS) dans lequel le caïd âgé de 36 ans prenait place gisait dans le stationnement du centre commercial, les phares allumés et entouré d’emballages de fournitures médicales de toutes sortes, alors qu’une autre grosse pointure dans le « consortium » des Rouges, Lamartine Paul Sévère, s’apprêtait aussi à perdre la vie.
L’homme a été tué à bout portant à un jet de pierre de la porte d’entrée de l’immeuble à logements dans lequel il habitait à Laval.
Son cousin, Ducarme Joseph, avait échappé à une tentative de meurtre en mars 2010, mais deux de ses gardes du corps avaient perdu la vie.
Chénier Dupuy et Lamartine Paul Sévère entretenaient des « liens » avec différentes organisations criminelles, « notamment les motards, et particulièrement le clan italien », explique la criminologue spécialisée dans les gangs de rue, Maria Mourani.
« On joue dans la cour des grands ! », ajoute la députée du Bloc québécois.
Et puis samedi, un homme, « un Italien », a été retrouvé mort dans un appartement du chemin de la Côte-des-Neiges, à Montréal. « Le penthouse appartiendrait à la femme [du mafioso] Vincenzo Armeni qui, lui, est en prison », selon des informations colligées par Mme Mourani.
La «commande» prise par la mafia?
« Ça fait un p’tit peu partie de la même affaire », affirme pour sa part le porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Daniel Fortier, ajoutant que l’« homme » était « connu du milieu policier ».
Le SPVM « n’exclut pas » que les trois événements soient « reliés ». « Les différents corps policiers [la police de Laval et la Sûreté du Québec, en plus du SPVM] travaillent conjointement. Il est encore trop tôt dans l’enquête pour tirer des conclusions », dit M. Fortier.
Il s’agit du « début de la vengeance de Vito Rizzuto », ou à tout le moins, de « mises en garde » adressées en vue du retour au pays du chef présumé de la mafia, avance Maria Mourani. Elle juge peu probable qu’il s’agisse d’« une guerre de gangs » comme celle qui a vu couler le sang de membres des Hells Angels et des Rock Machine, ou encore d’une « lutte de pouvoir au sein des Bo-Gars ».
Ducarme Joseph et Toni Magi figurent aujourd’hui sur la courte liste de « cibles potentielles à court terme », estime-t-elle. « Mais ce sont des hommes intelligents, ils savent se protéger », fait-elle remarquer.
Les Bo-Gars font la pluie et le beau temps, notamment dans le milieu de la drogue et de la prostitution dans les arrondissements Rivière-des-Prairies, Pointe-aux-Trembles et Montréal-Nord depuis plus de 20 ans. « Maintenant, il y en a [des membres des Bo-Gars] un petit peu partout, notamment à Laval et au centre-ville de Montréal », précise Maria Mourani.