L’école au jardin… en ville

L’école d’été touchera tant les aspects économiques, sociopolitiques, que simplement agricoles de la vie urbaine.
Photo: - Le Devoir L’école d’été touchera tant les aspects économiques, sociopolitiques, que simplement agricoles de la vie urbaine.

On y causera poules sur les toits, agriculture verticale et autres prouesses d’agriculture urbaine, mais aussi îlots de chaleur, décontamination des sol et sécurité alimentaire.

L’école d’été du Collectif de recherche en aménagement paysager et en agriculture urbaine durable (CRAPAUD) a en effet décidé cette année de se distancer un peu de l’approche simplement jovialiste de l’agriculture pour en cerner les véritables enjeux.


Du 13 au 17 août prochain, au pavillon Sherbrooke de l’UQAM, quelque 160 personnes se retrouveront donc, tant pour approfondir leurs connaissances en agriculture urbaine que pour en discuter de façon plus globale.


« On souhaite une approche un peu plus critique de l’agriculture urbaine et de ses enjeux », explique Mathieu Boyd, qui a participé à l’élaboration de la programmation de l’école d’été. On entend par exemple y discuter de certaines idées reçues, celle par exemple voulant que l’agriculture urbaine soit la réponse idéale au problème des îlots de chaleur. « Ça n’est pas si évident, dit Mathieu Boyd. En fait, il y a d’autres moyens plus efficaces de combattre les îlots de chaleur, comme le développement de la canopée. »


L’école d’été prévoit deux niveaux de formation, l’une s’adressant aux agriculteurs urbains néophytes, et l’autre aux praticiens d’expérience. Le deuxième volet compte par exemple une conférence de Monique Beausoleil, toxicologue de la Direction de la santé publique de Montréal, d’Éric Duchemin, professeur en sciences de l’environnement de l’UQAM, sur la décontamination des sols. On y verra comment cerner le problème, comment faire un échantillonnage et une analyse, et comment trouver des solutions.


Mais la décontamination est coûteuse, et le jeu n’en vaut pas toujours la chandelle. « Parfois, on peut se demander s’il ne vaut pas mieux investir dans un milieu périurbain, à Senneville par exemple, plutôt que de mettre beaucoup d’énergie à décontaminer un sol », dit Mathieu Boyd.


En matière de sécurité alimentaire, il est aussi utopique, estime-t-il, de croire que la ville peut atteindre l’autosuffisance. Certaines récoltes, celles des céréales par exemple, ou encore différents élevages, nécessitent de trop grandes surfaces. Ce n’est pas l’endroit idéal pour se lancer dans la fabrication de fromage de chèvre, par exemple… Et puis la ville remplit un certain nombre d’autres fonctions, liées au travail, aux loisirs, aux transports…


Cependant, ajoute Mathieu Boyd, l’agriculture peut combler certains besoins en matière de produits à valeur ajoutée : les tomates cerises, par exemple, qui deviennent coûteuses lorsqu’elles sont achetées au supermarché.


L’école d’été touchera donc tant les aspects économiques, sociopolitiques, que simplement agricoles de la vie urbaine.


Les praticiens seront aussi invités à concocter une proposition pour l’intégration de l’agriculture urbaine au Quartier latin de Montréal.


Terre en ville


En marge de ces activités, le CRAPAUD tient aussi à Montréal un festival de films sur l’agriculture urbaine, Terre en ville, du 9 au 18 août. On y présentera deux longs-métrages sur Detroit, ville qui, après avoir perdu 50 % de sa population en 50 ans, est en passe de devenir un exemple en matière d’agriculture urbaine aux États-Unis. Un autre film portera aussi sur la ville de Los Angeles et sur sa lutte, perdue, pour préserver le plus grand jardin urbain des États-Unis, détruit en 2008. Le festival accueillera aussi une conférence du fermier urbain Will Allen, de Milwaukee, auteur de The Good Food Revolution, Growing Healthy Food, People, and Communities.


Différents courts-métrages sur une série de projets d’agriculture urbaine qui se déroulent ici à Montréal sont aussi au programme.


Les projections se tiendront dans différents espaces verts de Montréal : sur la terrasse verte du Santropol roulant, dans le nouveau jardin de l’esplanade du Stade olympique, au parc de la Voisinerie, à Montréal-Nord, où un stationnement a été converti en espace vert, ou encore dans des jardins communautaires. Le CRAPAUD prévoit également tenir cet été à Montréal un forum international sur l’agriculture urbaine, dont la programmation demeure à être déterminée.

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