On passe devant, on roule dessus, on s’y rend tous les jours : ces places, ces rues, ces villages ont des noms parfois charmants qui cachent une histoire souvent insoupçonnée. Tout l’été, nous partons à la découverte non pas des lieux, mais de leur toponyme.

Trois-Pistoles : trois pièces de monnaie tombées dans l’eau. C’est du moins ce que raconte la légende expliquant le joli nom de cette petite ville du Bas-Saint-Laurent et de la rivière qui la borde.

En 1621, donc, selon la légende rapportée ensuite par le seigneur des lieux, un dénommé Riou, « une chaloupe se serait échouée en face d’une rivière aux eaux limpides. Désirant boire de cette eau, un matelot aurait malencontreusement échappé un gobelet d’argent et se serait écrié : “ Voilà trois pistoles de perdues ! ” », comme le rapporte la Commission de toponymie du Québec.

La dénomination figurait en tout cas sur l’acte de concession de la seigneurie à Charles Denys de Vitré (1645-1703).

Au sujet de la rivière des Trois-Pistoles, elle porta d’abord le nom de rivière des Trois-Pistolets, sur la carte tracée en 1631 par le cartographe dieppois Jean Guérard, contemporain de Samuel de Champlain.

En fait, explique la Commission de toponymie, « pistole » était le nom donné en France aux écus d’Espagne, plus petits que les écus de France.

« Toutefois, au xvie siècle, et probablement un certain temps au début du xviie siècle, le mot “ pistolet ” désignait surtout un poignard et par extension une arme à feu que l’on tient à la main comme un poignard. Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse d’arme à feu ou de monnaie, il est encore impossible aujourd’hui de connaître la véritable raison de cette appellation », écrit la Commission.

Chose certaine, il y eut, au xviie siècle, des Basques qui visitèrent la région, en provenance de France et d’Espagne. Ils donnèrent d’ailleurs leur nom à l’île aux Basques, qui se déploie dans le fleuve, à deux lieues (quelques kilomètres) au large de Trois-Pistoles.

On dit que Cartier y trouva des baleiniers basques en pleine activité, et qu’elle aurait été occupée par eux, au moins de 1584 à 1598.

La ville de Trois-Pistoles compte d’ailleurs un centre d’interprétation consacré aux Basques, le parc de l’Aventure basque en Amérique, où le club de pelote de Trois-Pistoles pratique la pelote basque, un dérivé du jeu de paume qui se répand en Europe à la fin du Moyen-Âge et qui a été modernisé au Pays basque au xixe siècle.

Les Basques ont également donné leur nom à la grande fromagerie de Trois-Pistoles, la fromagerie des Basques, dont on dit qu’elle est l’une des meilleures fromageries du Québec. Son fromage L’héritage serait d’ailleurs élaboré selon la méthode ancestrale des Basques, lors du découpage du caillé, du pressage, de la mise en moule, du saumurage et de l’affinage en hâloirs.